Côte d’Ivoire : au Salon international du livre d’Abidjan, le secteur de l’édition affiche ses ambitions.
Côte d’Ivoire : au Salon international du livre d’Abidjan, le secteur de l’édition affiche ses ambitions.
Le Salon international du livre d’Abidjan (Sila) a ouvert ses portes le 14 mai 2024 au Parc des expositions, où il se tient jusqu’au samedi 18 mai.
L’occasion de rassembler les acteurs d’un secteur de l’édition en plein essor.
Pour Anges Félix N’Dakpri, président de l’Association des éditeurs de Côte d’Ivoire (Assedi) et commissaire général du Sila, le premier indicateur de la vitalité du secteur est la multiplication des maisons d’édition.
« La vache à lait demeure l’édition scolaire »
« De sept maisons d’édition au départ, nous sommes aujourd’hui à une trentaine de maisons d’édition membres de l’Association des éditeurs de Côte d’Ivoire, souligne-t-il.
Si on ajoute les autres maisons d’édition non encore membres, on est autour d’une cinquantaine de maisons d’édition ».
Une vitalité qu’Anges Félix N’Dakpri décrypte : « Mais quand vous interrogez le marché, c’est pratiquement 70 à 80 % de chiffre d’affaires qui est réalisé par le marché de l’édition scolaire.
La vache à lait demeure l’édition scolaire.
Après, dans les 30%, il y en a certains quand même aujourd’hui qui se démarquent, à se spécialiser dans des genres comme les beaux livres, comme les livres de jeunesse, les livres pour adolescents, qui font de l’excellent travail. Il y en a qui font même des monographies… »
Il conclut : « Donc on a quand même une diversité de ligne éditoriale.
Il y a quelque chose qui est en train de se faire, il y a quelque chose qui est fait. Tout n’est pas forcément encore parfait, parfait, mais il y a quand même une prise de conscience, une prise d’initiative de la part des professionnels qui démontre la vitalité du secteur en Côte d’Ivoire. »
« La littérature ivoirienne est riche de sa culture, de son esthétique »
Parmi ces maisons d’édition spécialisées, La Case des lucioles propose de la littérature ivoirienne d’avant-garde, en misant sur la singularité de ses auteurs et la haute qualité de ses livres à moyen tirage.
Cette année, La Case des Lucioles propose un catalogue de six livres, tous d’auteurs d’avant-garde. Conte citadin, recueil de fragments, théâtre post-dramatique, poésie abstraite ou poésie urbaine tirée du slam : leur défi, explique l’écrivain et slameur Placide Konan, directeur général de la Case des Lucioles, est de permettre à la littérature ivoirienne de devenir concurrentielle à l’international, en misant sur ses atouts.
« Nous sommes riches, riches, lance-t-il.
La littérature ivoirienne est riche de sa culture, de son esthétique. La poésie africaine est très néo-oraliste.
Nous, en tant que slameurs, nous sommes le lien entre la littérature et l’oralité.
Pour nous, écrire, c’est parler ».
L’autre défi est de proposer des objets livres de très haute qualité, imprimés en France ou au Canada. Mais tout cela a un coût : le prix standard est fixé à 5 000 francs CFA.
Serge Agnessan, directeur éditorial de La Case des lucioles, le reconnaît volontiers, son lectorat est majoritairement… « …bourgeois-bohême !
Il faut qu’on soit honnêtes.
On en est conscients.
On est conscients qu’on est dans un marché où on a potentiellement 10 millions de lecteurs, mais on ne peut en toucher que 1 000 à 10 000.
Ce qu’on fait désormais, c’est qu’on a des partenaires tels que l’ambassade de France ou l’Institut français, ou l’Association des éditeurs du Québec, qui nous permettent d’offrir des chèques livrés à des étudiants, afin de toucher le maximum de lecteurs, afin de construire un nouveau type de lectorat. »
Certains ouvrages sont également subventionnés grâce à la politique sociale de la maison d’édition, qui espère pouvoir démocratiser les beaux livres en Côte d’Ivoire.
Avec notre correspondante à Abidjan, Marine Jeannin