L’émission phare de débat politique de la NCI 360, animée par l’intrépide Aly Diarrassouba, a une fois encore tenu ses promesses ce dimanche 13 avril.

Sur un plateau électrique, où se côtoyaient des figures clés du RHDP, de l’opposition et de la société civile, un débat sans concession a révélé les fractures et les fiertés de la Côte d’Ivoire post-crise.

Mais c’est l’intervention de Blaise Lasm, Secrétaire Général Adjoint en charge des Grands Ponts (PPA-CI), qui a enflammé les discussions.

En proposant un « débat comparatif des bilans de Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara », Blaise Lasm a cru saisir l’occasion de mettre en lumière les contradictions du pouvoir actuel.

Erreur stratégique. Fany Karim, maire RHDP d’Issia, s’est chargé de lui rappeler les fondamentaux.

Avec une verve aussi tranchante qu’argumentée, il a retourné la proposition en une démonstration implacable des réalisations du RHDP, tout en exhumant les ombres du régime Gbagbo. «

Demandez le bilan comparé du Président Alassane Ouattara et puis du président Laurent Gbagbo, il va se faire tirer les oreilles ! Parce que ça sera la plus grosse humiliation que […] Gbagbo aura connue de toute sa vie », lance-t-il.

Fany Karim n’a pas mâché ses mots face aux accusations sur la « liberté d’expression » et l’« état de droit » sous la gouvernance du Président Ouattara.

« Quand, à votre temps, l’opposant principal a été obligé de se faire exfiltrer de sa clôture pour se retrouver dans une ambassade pour ne pas se retrouver six pieds sous terre… », assène-t-il, rappelant l’époque où les médias internationaux (France 24, TV5) étaient suspendus pour avoir couvert l’opposition.

Un passé que l’actuel pouvoir contraste avec une pluralité médiatique assumée.

Sur les grèves, le maire d’Issia a sorti l’artillerie lourde : « J’étais membre d’un bureau du Syndicat National de Côte d’Ivoire lorsque Laurent Gbagbo disait que si nous faisions grève, la seule conséquence serait de ne pas percevoir nos salaires.

Aujourd’hui, c’est lui qui les soutient ? Ah, donc on doit pouvoir faire une grève ? ».

Une inversion des rôles qui, pour lui, discrédite toute critique venue de l’ancien camp présidentiel.

L’argument des dettes contractées sous Ouattara a également été balayé par Fany Karim.

« Les populations de Dabou ont désormais l’électricité, l’eau courante, des écoles… Allez-vous leur dire qu’un Blanc viendra tout reprendre parce que le Président a pris des crédits ? », ironise-t-il.

Pour lui, le pragmatisme économique d’Alassane Ouattara a permis de concrétiser des projets qui « parlent aux Ivoiriens » bien plus que des discours moralisateurs sur l’endettement.

Si Blaise Lasm a tenté de jouer les trouble-fêtes, c’est bien Fany Karim qui a marqué les esprits.

Son intervention, entre rappel historique et défense du bilan Ouattara, a souligné la difficulté pour l’opposition de rivaliser avec la rhétorique développementiste du RHDP.

Dans un contexte où les réalisations infrastructurelles sont palpables, le discours anti-dette semble en effet peine à convaincre des populations rurales électrifiées et équipées.

En voulant provoquer un débat sur les bilans, Blaise Lasm a-t-il involontairement offert au RHDP une tribune pour réaffirmer son hégémonie narrative ?

À en juger par la clarté des idées développées par Fany Karim, la réponse ne fait guère de doute.

Thierry Adama     Éditorialiste politique