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Analyse – Côte d’Ivoire : 807 millions FCFA de matériel saisis dans la lutte contre l’orpaillage illégal depuis janvier.
Analyse - Côte d’Ivoire : 807 millions FCFA de matériel saisis dans la lutte contre l’orpaillage illégal depuis janvier.

Analyse – Côte d’Ivoire : 807 millions FCFA de matériel saisis dans la lutte contre l’orpaillage illégal depuis janvier.

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La Côte d’Ivoire veut produire 50 tonnes d’or en 2023 et 55 tonnes en 2024. Ces chiffres seraient sans doute plus importants sans la part qui échappe à l’État à cause de l’orpaillage illégal. C’est aussi une menace pour la sécurité nationale, ce qui justifie le renforcement des mesures de lutte.
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Analyse - Côte d’Ivoire : 807 millions FCFA de matériel saisis dans la lutte contre l’orpaillage illégal depuis janvier.

Côte d’Ivoire : 807 millions FCFA de matériel saisis dans la lutte contre l’orpaillage illégal depuis janvier

La Côte d’Ivoire veut produire 50 tonnes d’or en 2023 et 55 tonnes en 2024. Ces chiffres seraient sans doute plus importants sans la part qui échappe à l’État à cause de l’orpaillage illégal.

(Agence Ecofin) – La Côte d’Ivoire veut produire 50 tonnes d’or en 2023 et 55 tonnes en 2024.

Ces chiffres seraient sans doute plus importants sans la part qui échappe à l’État à cause de l’orpaillage illégal.

C’est aussi une menace pour la sécurité nationale, ce qui justifie le renforcement des mesures de lutte.

Entre janvier et octobre 2023, plus de 807 millions FCFA de matériel ont été saisis sur 1 098 sites d’orpaillage illégal à travers la Côte d’Ivoire.

C’est le point fait le 30 novembre par le gouvernement ivoirien qui précise que les opérations de répression ont été menées par la Brigade de Répression des Infractions au Code minier (BRICM) en collaboration avec le Groupement Spécial de Lutte contre l’Orpaillage Illégal.

Le matériel saisi comprend 17 balances électroniques sensibles, 33 véhicules, une camionnette, 35 pelleteuses, 220 motocyclettes, 5 tricycles, 166 groupes électrogènes et 2342 motopompes.

« À ces chiffres s’ajoutent 9407,9 grammes d’un métal jaune semblant être de l’or, 18,99 carats de pierre semblant être du diamant, 346 sacs de minerais, 3062,63 grammes de mercure […], 35 kilogrammes de chlore et divers autres matériels liés à l’orpaillage illégal », ajoute le communiqué.

L’exploitation minière illégale utilise des méthodes qui ont un impact environnemental désastreux, à l’instar du mercure pour extraire l’or.

L’utilisation de ce produit dans l’exploitation minière est pourtant interdite dans le pays, Abidjan ayant ratifié en 2019 la Convention de Minamata qui vise à protéger l’environnement et les hommes des dangers liés au mercure. Il faut aussi souligner que les exploitants illégaux privent les caisses de l’État d’une partie des revenus miniers puisque leur production n’entre pas dans les circuits officiels de vente et/ou d’exportation.

Une menace pour la sécurité nationale

À la différence de la BRICM, le Groupement Spécial de Lutte contre l’Orpaillage Illégal n’est pas rattaché au ministère des Mines.

Créée en 2021, il dépend plutôt du Conseil National de Sécurité, une situation loin d’être anodine.

Outre l’impact environnemental et les pertes de revenus, l’exploitation minière illégale représente en effet une menace pour la sécurité nationale de plusieurs pays africains, en constituant un moyen de financement des mouvements extrémistes.

Selon un rapport publié le 23 novembre par ISS Africa sur les liens entre l’extrémisme violent et les activités illicites en Côte d’Ivoire, les groupes extrémistes présents dans le nord du pays s’impliquent directement dans l’orpaillage aux côtés des artisans ou financent leurs activités.

« Les personnes interrogées font état d’offres de soutien financier en rapport avec les activités d’extraction de l’or, faites par des intermédiaires soupçonnés d’agir pour le compte de groupes djihadistes […].

En contrepartie des fonds octroyés, les groupes extrémistes perçoivent des revenus de la vente de l’or extrait ou l’acquièrent, à prix réduit, pour le commercialiser », indique le document, qui se base sur un travail de terrain effectué dans les régions de Bagoué, Bounkani et Tchologo.

Mieux encadrer le secteur artisanal

Malgré les importants moyens financiers et humains que le gouvernement consacre à la lutte contre l’orpaillage illégal depuis une décennie, force est de constater que le phénomène persiste et prend même de l’ampleur.

Entre juillet 2021 et mai 2022, soit 10 mois, le nombre de sites d’orpaillage illégal détruits par les autorités s’élevait à 801.

Sur les 10 premiers mois de 2023, le gouvernement en a détruit plus de 1 000.

Les autorités doivent donc diversifier leurs moyens de lutte, en misant non seulement sur la répression, mais en proposant aussi des alternatives.

Au Ghana voisin par exemple, le gouvernement a lancé un programme d’insertion à l’emploi et mis des moyens d’exploitation minière adéquats à disposition des mineurs à petite échelle.

Cela permet d’offrir d’autres moyens de subsistance aux populations vivant dans la pauvreté ou un cadre formel et réglementé pour qu’elles poursuivent l’exploitation minière.

Notons que le gouvernement ivoirien œuvre déjà à régulariser le secteur de l’exploitation artisanale de l’or et le rapport de l’ISS l’invite à poursuivre dans ce sens, en réduisant notamment les coûts et démarches administratives liés à l’obtention des permis miniers.

Les autorités devraient aussi accélérer le processus de révision du code minier pour « une meilleure prise en compte des préoccupations des populations locales concernant l’exercice et l’accès à l’activité d’exploitation artisanale de l’or ».

Toutes ces mesures contribueront à un climat social apaisé, à la lutte contre la pauvreté et au renforcement du poids du secteur minier dans l’économie nationale.

Pour rappel, le pays vise une contribution de 6 % des Mines au PIB d’ici 2025.

Emiliano Tossou    Agence Ecofin Ecofin Mines

27/11/2023 – Une meilleure gestion des fermetures de mines peut aider à lutter contre l’orpaillage illégal en Afrique (dossier)

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