A l’analyse, à travers son livre, Robert Bourgi s’est livré en priorité à un exercice d’autoglorification. L’homme se présente comme celui qui a offert l’Afrique francophone à la France sur un plateau en or.

Une France, ou plutôt une droite française, qui n’a pas été assez reconnaissante pour le nommer ministre de la coopération.

Un poste qu’il ne cache pas avoir rêvé d’occuper.

Robert Bourgi profite surtout pour régler des comptes.

En France d’abord, où il a deux ennemis jurés, François Fillon et Dominique de Villepin.

En Afrique aussi, l’avocat Bourgi règle quelques comptes, avec Alassane Ouattara, Denis Sassou Nguesso et d’autres.

Il faut attendre la page 294 pour trouver la raison qui explique la revanche que Robert Bourgi veut prendre sur le président Ouattara, lorsqu’il affirme notamment que c’est son adversaire, Laurent Gbagbo, qui a remporté la présidentielle en 2010.

Le sulfureux Bourgi écrit, je cite, les informations de mes sources très haut placées sur les motivations de la cabale de M. Bourgi contre le chef de l’État ivoirien.

Le président Ouattara n’a jamais voulu s’encombrer de cette espèce de vieille relique de la France-Afrique.

Après s’être empiffré des déniers publics ivoiriens sous Gbagbo, Robert Bourgi croyait pouvoir simplement retourner sa veste et continuer à se faire gaver avec l’argent du contribuable ivoirien, m’a déclaré ma source.

Alassane Ouattara n’a donc jamais cédé à ces nombreuses sollicitions.

D’où la colère mal contenue de celui que des confrères français qualifient Bsourgier la pute, en allusion à la facilité avec laquelle il monnayait ses services au plus offrant.

Il avoue d’ailleurs dans son livre avoir souvent travaillé simultanément pour les opposants alors qu’il était grassement rémunéré par la présidence de la République.

Plus loin, alors qu’il revendique son amitié avec Denis Sassou Nguesso, il décrit son sécurocrate et neveu, Jean-Dominique Okemba, comme « le véritable sikère, le tueur à gage du régime, un homme sans pitié qui n’hésite pas à se décrire comme tel ».

En légende d’une photo en compagnie du président congolais, Robert Bourgi finit par confesser la raison de tant de méchanceté de sa part vis-à-vis du régime de Brazzaville.

Le président Sassou Nguesso, qui est le premier président de la République, a été le premier à se décrire comme un homme sans pitié.

Le président Sassou m’a tourné le dos après mon interview à JDD (Journal Du Dimanche).

Sur le convoyage de fonds des présidents africains pour les hommes politiques de la droite française, tantôt, transporté l’argent, tantôt il affirme avoir souvent attendu que Dominique de Villepin, alors secrétaire général de la présidence de la République sous Jacques Chirac, sortie du bureau de ces derniers pour ancrer, livrer les fonds qu’il avait ramenés d’Afrique.

Pour la présidentielle de 1995, les dons de ces présidents n’ont pas été en dessin de 5 millions de francs.

Le président Mobutu m'a remis 10 millions de francs que j’ai remis à mon tour à Jacques Foucard, affirme Robert Bourgie.

L’homme de la France-Afrique joue parfois les naïfs, ou pense-t-il plutôt que ses lecteurs le sont, lorsqu’il déclare « Les lecteurs doivent comprendre qu’à aucun
moment je ne savais où regarder ce que je transportais.

On me confiait une mission, transporter un sac, une valise, des enveloppes, des courriers confidentiels d'un point A à un point B. Elle s’arrêtait là.

» On a envie de croire Robert Bourgie sur parole, n’est-ce pas ?

Surtout de la part d'un individu qui donne des informations. Le monde est un monde. Le montant total des contributions d'Omar Bongo, Sassou Nguesso, Blaise Compaoré pour cette présidentielle remportée par Jacques Chirac.

Sur la rémunération qu’il percevait pour ses services officieux, qui pouvaient même arriver parfois de la simple mystification,

Robert Bourget affirme qu'il recevait d'Omar Bongo près de 50 000 euros par mois, plus les extras.

Il arrivait en tête avant Denis Sassou Nguesso, Laurent Gbagbo, Blaise Compaoré, Abdoulaye Ouad ou encore le maréchal Moboutou, puis de conclure

« J’ai gagné fort bien ma vie ». L’avocat, qui n'a jamais plaidé, révèle qu’Ali Bongo, qui a succédé à son père, lui a versé 600 millions de francs CFA par an pendant quelques années avant d’arrêter. L’homme de la France-Afrique a tout de suite basculé dans l’opposition.

Il y a actuellement une haine sans limite pour le fiscal. L’avocat, qui n'a jamais plaidé, révèle que c’est désormais au passé que M. Bourget évoque sa carrière.
L’homme dissimule mal sa frustration pour avoir vu les portes des palais présidentiels africains se fermer progressivement devant lui. Il n'a plus ses entrées nulle part en Afrique, pas plus qu’au palais de l’Elysée.

La fin d’une époque que ce nostalgique de la France-Afrique voit disparaître avec beaucoup de douleur et de colère.

La fin de ces pratiques et réseaux mafieux de valises bourrées d’argent transportées de l’Afrique vers la France qu’il a contribué à faire fonctionner et dont il vivait comme il le faisait lui-même.

La fin de cette époque, la disparition de la France-Afrique et la première mort de Robert Bourgi avant celle clinique qui emportera à jamais cette vieille relique de pratiques qui ont contribué au pillage de l'Afrique.

Saïd Penda    Journaliste d’investigation. Ancien Grand Reporter de la BBC et ex-correspondant de l’agence de presse américaine Associated Press.

La vipère Robert Bourgi l’avocat qui n’a jamais exercé en envoyé spécial d’une certaine intelligentsia de France associé à l’opposition est venu déverser son vénin. Car le Côte d’Ivoire en paix et au travail, n’offre pas d’opportunités à leurs activités mafieuses. Car ce n’est que dans la chienlit qu’il pourra reprendre ses activités de transporteur de valises d’argent d’un continent à l’autre afin de maintenir son train de vie.