Devoir de mémoire : quand les opposants du vainqueur des élections de 2010 appelaient à l’assaut contre le QG de son rival (Hôtel du Golf 30/10/2010).
Devoir de mémoire : quand les opposants du vainqueur des élections de 2010 appelaient à l'assaut contre le QG de son rival (Hôtel du Golf 30/10/2010).
Les partisans de Laurent Gbagbo ont appelé mercredi à prendre d'assaut le quartier général de son rival Alassane Ouattara à Abidjan (à lire: reportage de notre envoyé spécial), protégé par les Casques bleus de la mission onusienne en Côte d'Ivoire, qui a dénoncé les «appels à la haine» à son encontre.
Après avoir reporté - en signe d'apaisement durant les négociations diplomatiques en cours - un grand rassemblement prévu ce mercredi à Abidjan, le leader des «jeunes patriotes» pro-Gbagbo a signifié que l'heure de l'affrontement était proche, à l'issue d'un mois de crise née de la présidentielle du 28 novembre.
«Au-delà du 1er janvier, moi Charles Blé Goudé et les jeunes de Côte d'Ivoire, allons libérer le Golf Hôtel les mains nues», a-t-il lancé devant quelques milliers de partisans.
Reconnu président sur le plan international, Alassane Ouattara est retranché avec son gouvernement dans cet hôtel de luxe soumis à un blocus des forces pro-Gbagbo. Le «Golf» est protégé par des éléments de l'ex-rébellion alliée à Ouattara et par les 800 Casques bleus de la mission onusienne, l'Onuci.
L'ONU accuse la chaîne de télé, RTI
Au lendemain d’une attaque contre un convoi de l’Onuci, au cours de laquelle un Casque bleu a été blessé, l’ONU a accusé la télévision d’Etat RTI, contrôlée par le régime Gbagbo.
Selon Alain Le Roy, chef des opérations de maintien de la paix aux Nations unies, la chaîne relaie des «appels à la haine» contre cette force de quelque 9.000 hommes, dont le président sortant a exigé le départ.
Alors que la crise post-électorale a été marquée par des violences meurtrières, l'ambassadeur nommé par Ouattara aux Nations unies, Youssouf Bamba, a sonné l'alarme. «Nous sommes à deux doigts d'un génocide. Il faut faire quelque chose», a-t-il exhorté, demandant à l'Onuci de protéger les civils.
Au moins 173 personnes ont été tuées selon l’ONU autour de la mi-décembre. Le gouvernement Gbagbo a évoqué un bilan de 53 morts depuis fin novembre, dont 14 membres des Forces de défense et de sécurité (FDS, loyales au sortant).
Les émissaires de l'Afrique de l'Ouest «y retournent le 3 janvier».
Dans ce contexte intérieur très tendu, l’Afrique de l’Ouest a cependant privilégié la négociation, même si elle se préparait à une éventuelle opération militaire pour chasser Gbagbo.
«Nous discutons toujours», a déclaré le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan, président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays).
Mandatés par l’organisation régionale, les présidents béninois Boni Yayi, sierra-léonais Ernest Koroma et capverdien Pedro Pires étaient venus voir mardi Gbagbo à Abidjan pour lui adresser un ultimatum: céder le pouvoir ou prendre le risque d’une intervention armée ouest-africaine.
Les émissaires «y retournent le 3 janvier», a annoncé Jonathan devant la presse, après un entretien avec Koroma et Pires dans la capitale fédérale nigériane Abuja.
«Quand il y a une dispute, c'est le dialogue qui résout tous les différends, ce dialogue est en cours», a expliqué le président Jonathan.
L'option d'une intervention militaire?
Une intervention militaire «semble, heureusement, écartée pour le moment», a déclaré Jorge Borges, secrétaire d'Etat capverdien aux Affaires étrangères.
L’usage de la force restait toutefois possible puisque les chefs d’état-major des pays de la région se sont réunis mardi et mercredi à Abuja pour évoquer le dossier ivoirien.
Selon un haut responsable militaire, la réunion était notamment consacrée à «la question de la logistique».
«La Cédéao souhaite envoyer une force de 2.000 à 3.000 hommes», a indiqué une source diplomatique, tout en s'interrogeant sur sa capacité à y arriver.
«L'option militaire reste sur la table», en a conclu le porte-parole du gouvernement Ouattara, Patrick Achi.
La pression internationale restait forte sur le pouvoir en place. L’Union européenne va porter à 61 le nombre de proches de Gbagbo qui seront interdits de visas, selon une source diplomatique.
Sur le terrain, après l’appel à la grève générale du camp Ouattara, l’activité était assez peu affectée dans certains quartiers d’Abidjan, mais dans d’autres la métropole avait des airs de ville morte, entre commerces fermés et circulation quasi-inexistante.
Blé la machette appelle à -libérer- le QG du vainqueur à l’hôtel du Golf après avoir demander aux jeunes de se faire enrôler dans l’armée. A quel titre faut-il faire tuer les enfants des autres ? .
Blé Goude ce qu’il disait en 2001, ce qu’il disait au forum de la réconciliation sur la nationalité de Alassane Ouatara.
Rejet des candidatures de Bédié et Ouattara en 2000 : Les révélations de l’ex président de la Cour suprême, Tia Koné.
Avec la chute de Laurent Gbagbo, les dossiers noirs et autres complots de la refondation se font jour. Tia Koné, un homme du système en parle.
Les aveux sont de taille. L’ancien président de la Cour suprême s’est confié à des proches, sur la vie récente de la nation notamment, les présidentielles de 2000.
Les révélations de Tia Koné, on le verra, peuvent être perçues comme une démarche visant à se dédouaner ou à se faire pardonner, au regard du rejet des candidatures de Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. Mais ce n’est pas le cas, jure Tia Koné. ‘’L’homme de la rue ne le sait pas.
Cependant, Ouattara et Bédié savent la vérité sur les conditions qui ont entouré le rejet de leurs candidatures’’, explique celui qui a été baptisé, ‘’Monsieur Considérant que…’’.
Pour rappel, sous la transition militaire en 2000, le 6 octobre, Tia Koné a rejeté de nombreuses candidatures, dont celles des représentants du Rdr et du Pdci.
Plus tard, le 1er décembre, le même magistrat a jugé inéligible, le même Ouattara, aux législatives du 10 décembre. Cette fois, sous le pouvoir Gbagbo.
Pour protester contre ce qu’il avait qualifié d’arbitraire, le parti logé à la rue Lepic avait suspendu sa participation à cette consultation.
En tout cas, Tia Koné donnait l’impression, au moment de ces sanctions de rejet, d’accomplir sa mission avec abnégation.
Aujourd’hui, Tia Koné n’a aucun remords, ni regret.
Il se couvre du devoir de vérité, vis-à-vis de certains proches, qui continuent de lui garder une longue dent.
Ressentir des remords ou des regrets, peut vouloir dire qu’il avait eu réellement l’intention de mentir et de nuire. Or, ‘’M. Considérant que’’ avoue avoir menti ; mais sous contrainte.
De fait, il défie quiconque aurait pu refuser de lire un document écrit qu’on lui impose, sous la menace d’une dizaine d’hommes en armes ?
Selon notre source, Tia Koné lui aurait avoué son impuissance face à ce péril. Dans ce cas, les exemples sont légion.
Des pressions ont été exercées sur Honoré Guié, alors président de la Commission nationale électorale (Cne), et Bamba Cheick Daniel, le directeur de l’administration du territoire, lors des proclamations des résultats de la présidentielle de 2000.
Rappelons également que Zadi Kessy Marcel, directeur de campagne du général Robert Guéi pour cette élection, avait rétorqué, à des journalistes qui l’accusaient d’avoir soutenu un ‘’putschiste’’.
’’A ma place, qui aurait pu refuser cette proposition qui, en réalité, n’était qu’un ordre ?’’ ; avait-il justifié, plus tard, le président du Conseil économique et social, lors des ‘’Grandes rencontres de Fraternité Matin’’ en 2002.
Les cas N’dré et Bakayoko
Le président du parti en gestation (le Rdp-ci) va plus loin.
En tentant de justifier l’acte de Paul Yao N’dré, l’ancien président du Conseil constitutionnel. Tia Koné ne doute guère, que ce dernier se soit vu imposer tout ce qu’il a eu à lire le 2 décembre 2010.
Ce document remettait en cause, les résultats de l’élection présidentielle, tels que proclamés par la Commission électorale indépendante (Cei).
De même, l’ancien président de la Cour suprême confie à ses proches, que Youssouf Bakayoko, le président de la Cei, a eu la chance, d’avoir échappé à un complot, après le second tour de la présidentielle.
‘’S’il n’avait pas été vigilant pour s’en aller proclamer les résultats au Golf hôtel, il aurait subi les mêmes pressions que moi’’, aurait-il reconnu.
En clair, Tia Koné est convaincu que l’ancienne Mouvance présidentielle avait déjà des résultats écrits sur papier, qu’elle voulait imposer, pour lecture, sous la menace des armes, à Youssouf Bakayoko.
Faut-il douter de ses propos ? Pour sûr, l’homme sait de quoi il parle, pour être resté un peu plus de dix ans, aux côtés des refondateurs, dont les pratiques mafieuses, sont connues.
Malheureusement, les décisions de Tia Koné ont eu de fâcheuses conséquences sur la vie de la nation.
En témoignent les tueries d’octobre et de décembre de 2000. Aujourd’hui, après lecture, chacun ira de son commentaire.
Ce mea culpa qui ne dit pas son nom, sonnera certainement mal, dans de nombreuses oreilles. A présent, que le pouvoir a changé de camp.
L’allocution de Tia Koné (ex-président de la cour suprême) à la cérémonie de remise de la sous préfecture de Gbangbegouine.
Présidentielle ivoirienne : Paul Yao N’Dré invalide les résultats provisoires, l’ONU hausse le ton.
Le président du Conseil constitutionnel Paul Yao N’Dré, un proche de Laurent Gbagbo, réfute les résultats provisoires annoncés par la CEI plus tôt dans l’après-midi et donnant Alassane Ouattara vainqueur de l’élection présidentielle ivoirienne.
Mais le Conseil de sécurité de l’ONU menace déjà de « prendre des mesures appropriées contre ceux qui entravent le processus électoral ».
Le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao N’Dré, engage le bras de fer avec la Commission électorale ivoirienne (CEI), dont le président, Youssouf Bakayoko a annoncé jeudi les résultats provisoires de la présidentielle ivoirienne, donnant Alassane Dramane Ouattara (ADO) grand vainqueur (54,1% des voix) contre Laurent Gbagbo (45,9%).
Selon Yao N’Dré, qui s’exprimait sur la Radio télédiffusion ivoirienne (RTI, qui s’est abstenue de retransmettre l’annonce de la CEI), les résultats provisoires ne sont « pas valables ».
On va donc vers une confrontation légale et politique entre d’une part le camp Gbagbo, dont Yao N’Dré est un proche (c’est un des fondateurs du Front populaire ivoirien, FPI, au pouvoir), et d’autre part la CEI et le camp Ouattara, lequel risque d’avoir le soutien objectif de la communauté internationale, ONU en tête.
Tout dépendra de la volonté de La majorité présidentielle d’aller jusqu’à l’épreuve de force, ou non.
« Mesures appropriées »
Le Conseil de sécurité des Nations-Unies a d’ailleurs menacé jeudi « de prendre les mesures appropriées contre ceux qui entravent le processus électoral et en particulier le travail de la Commission électorale indépendante (CEI) », a affirmé Susan Rice, ambassadeur des États-Unis à l’ONU et présidente en exercice du Conseil de sécurité pour le mois de décembre.
« Les membres du Conseil de sécurité ont salué l’annonce des résultats provisoires du deuxième tour de l’élection présidentielle, (…) une étape cruciale pour assurer la validité et l’intégrité du processus électoral », a-t-elle poursuivi.
Cette crispation intervient dans un climat tendu à Abidjan, alors qu’une attaque à l’arme lourde d’un bureau du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, opposition) a fait plusieurs morts dans le quartier de Yopougon, au soir du 1er décembre.
Le camp présidentiel compte sur le Conseil constitutionnel pour invalider les « votes frauduleux » qu’il y a eu selon lui dans trois régions du Nord : celles des Savanes, de Denguele et du Worodougou.
Mais les membres du Conseil de sécurité ont estimé que le second tour de la présidentielle ivoirienne du 28 novembre « s’était tenu dans un climat démocratique », allant jusqu’à qualifier les élections d’« ouvertes, libres, justes et transparentes ».
Conseil Constitutionnel – Paul Yao N’dré proche de l’ex-président proclame Alassane Ouattara vainqueur des élections.