Denrée très prisée en Afrique de l’ouest, le riz est également source de grosses pertes en devises du fait des importations.
Ce qui a amené les Etats de la sous-région à s’engager dans de nombreuses initiatives pour atteindre l’autosuffisance. Y parviendront-ils ?
Le besoin en riz en Afrique de l’ouest va sans cesse croissant. Des données statistiques indiquent qu’entre 2017 et 2025, la consommation de riz en Afrique de l’ouest augmentera de 32%, soit environ plus de six millions de tonnes, en raison de la croissance de la population qui passera de 366 millions en 2017 à 450 millions en 2025.
Dans la région de l’Afrique de l’ouest, le riz constitue une denrée de base et occupe une place prépondérante dans la sécurité alimentaire régionale des populations rurales et urbaines.
Sa production est en grande partie assurée par des petits exploitants agricoles, dont les moyens de subsistance et les revenus demeurent très faibles.
La demande en riz dans la région, en perpétuelle progression à cause de la croissance démographique et de l’accroissement de la consommation, dépasse désormais la production, entraînant une augmentation constante des importations de riz.
Cette situation pèse lourdement sur les budgets publics et expose la région à la volatilité des prix du marché mondial.
Bien qu’elle concentre 65% de la production totale du riz en Afrique subsaharienne estimée à environ la région importe plus de la moitié de ses besoins de cette denrée alimentaire de base pour satisfaire la consommation intérieure qui augmente de 3% en moyenne par an sous l’effet d’une croissance démographique vigoureuse et de l’urbanisation.
Le marché rizicole de la région est de loin le plus important du continent du point de vue de la consommation, avec près de 20 millions de tonnes de riz absorbé chaque année.
La consommation moyenne tourne autour de 45-55 kg par an et par habitant, soit le double de la consommation moyenne en Afrique subsaharienne.
Cinq pays d’Afrique de l’ouest seulement (le Nigeria, la Guinée, le Mali, la Côte d’Ivoire et le Sénégal) ont consommé près de 16,8 millions de tonnes de riz durant l’année 2021/2022, soit 45% du volume total absorbé en Afrique subsaharienne.
A l’échelle régionale, la production a atteint 14 millions de tonnes de riz blanchi durant la campagne rizicole 2021/2022, soit 65% de la production totale de l’Afrique subsaharienne.
Cette offre est pour l’essentiel concentrée entre le Nigeria, la Guinée, le Mali, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Bien qu’elle progresse dans la plupart des pays de la région, la production reste encore insuffisante pour répondre à la consommation intérieure.
Cas spécifique de la Côte d’Ivoire
La Côte d’Ivoire ne produit que 1,2 million de tonnes de riz blanchi par an, pour un besoin évalué à 2 millions de tonnes.
Un manque qu’elle doit combler par les importations. Dans les prochaines années, les acteurs publics et privés de la filière espèrent atteindre l’autosuffisance, mais les obstacles sont encore nombreux.
Les Ivoiriens en consomment en moyenne 84 kg par habitant et par an.
La Côte d’Ivoire ambitionne à terme d’atteindre les 6 000 tonnes annuelles pour pouvoir également ravitailler la sous-région.
Le projet Ricowas pour inverser la tendance
Face à la pénurie, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a lancé, en 2013, une initiative régionale dénommée « Offensive riz », dans le but d’atteindre l’autosuffisance en riz d’ici 2025, en utilisant une approche de production de riz résiliente au climat (Prrc).
Le projet régional vise à améliorer la résilience au changement climatique et à accroître la productivité des systèmes rizicoles des petits producteurs en Afrique de l’Ouest en utilisant une approche de production de riz résiliente au climat, au profit des 13 pays de la Cedeao.
Plus spécifiquement, le projet Ricowas a comme objectifs de : renforcer la résilience et la capacité des petits riziculteurs et d’autres acteurs du secteur du riz en leur permettant d’utiliser des stratégies agroécologiques durables de gestion des terres et de l’eau, qui répondent aux menaces du changement climatique dans leurs localités respectives ; aider les agriculteurs à mettre en œuvre et à améliorer la PRRC, en faisant recours à la méthode du Système d’intensification du riz (Sir) et des approches de gestion de la conservation des sols et de l’eau adaptées localement ; soutenir une plateforme de communication et s’engager dans le plaidoyer pour promouvoir un échange efficace de connaissances et d’expertise entre diverses parties prenantes en Afrique de l’ouest et ailleurs ; faciliter la création d’une coalition de partenaires aux niveaux national et régional pour l’amélioration de la Prrc.
Le projet Ricowas est structuré autour de trois objectifs dont notamment le dernier est le renforcement de la communication, le plaidoyer et les partenariats pour la mise à l’échelle de la Prrc ainsi que le renforcement des capacités humaines et institutionnelles dans la Prrc.
S’agissant de ce dernier axe, un séminaire de formation des formateurs en riziculturea été organisé au Centre de formation à la mécanisation agricole de Grand-Lahou (Cfmag) du 1er au 5 avril 2024.
Il a étéanimé par des chercheurs de renom en matière d’agronomie du riz adapté au climat.
Il s’agit de Dr Erika Styger, directeur du programme des systèmes agricoles résilients au climat à l’Université de Cornell, aux Etats-Unis, et de Dr Karim Traoré, chercheur, coordonnateur du projet Ricowas.
Les experts ou maîtres-formateurs auront, ensuite, pour mission de former les conseillers agricoles locaux pour un meilleur encadrement des producteurs et productrices de riz.
Une initiative et bien d’autres à même de contribuer à l’atteinte de l’autosuffisance en riz.