Une révolution énergétique public-privé
« Tout a commencé en 1993, lorsque le gouvernement de l’époque a décidé d’ouvrir le marché de l’énergie au secteur privé pour éviter de revivre la grosse crise de délestage de 1984 », explique Gérard Bile Tanoé, secrétaire général de CI- Energies. Une première en Afrique. L’idée derrière cette décision ? Accroître et améliorer l’accès à l’électricité afin de répondre aux besoins croissants, tout en limitant l’impact sur les finances publiques. Deux consortiums internationaux se lancent dans l’aventure et décident d’investir. Le premier construit la centrale de CIPREL qui commence à produire de l’électricité dès 1995.
Tout au bout de la commune de Youpougon célèbre pour ses commerces et restaurants, dans le village d’Azito, le second investisseur construit et commence à faire fonctionner la centrale thermique du même nom en 1999. « Au début, la centrale produisait 140 mégawatts, nous nous sommes développés depuis 20 ans pour tripler notre capacité qui atteint aujourd’hui 480 mégawatts », précise Jacques Kouassi, directeur technique d’Azito. Un chiffre qui augmentera encore à 700 mégawatts d’ici 2022 avec la quatrième extension en cours de construction.
Si les autorités ivoiriennes ont été visionnaires en décidant de privatiser le secteur, la confiance des investisseurs privés aura été déterminante pour la concrétisation et la réussite de cette vision.
« Différentes institutions du Groupe de la Banque mondiale ont apporté leur soutien dès le début », explique Olivier Buyoya, représentant de la Société financière internationale (IFC) pour la Côte d’Ivoire. Entre 2010 et 2019, IFC, filiale du groupe dédiée au développement du secteur privé, a investi plus de 400 millions de dollars dans la construction et les extensions d’Azito et CIPREL « mais surtout, IFC a réussi à mobiliser d’autres partenaires. » Elle a ainsi pu lever 1,1 milliard de dollars supplémentaire auprès de plusieurs institutions internationales de financement du développement, telles que la AfDB et l’AFD.
De son côté, l’Association internationale de développement (IDA), le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres, a accordé 30 millions de dollars de garanties afin d’attirer d’autres investisseurs privés et a aidé le gouvernement à structurer le secteur et à faire les réformes nécessaires pour le rendre viable.
Après la crise de 2011, ces deux institutions ont renouvelé leur soutien lorsque Azito a dû augmenter ses capacités pour soutenir la relance économique. À cette époque, l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), est intervenue en apportant une garantie de 116 millions de dollars pour assurer les investisseurs contre les risques politiques. « Dès que le Groupe de la Banque mondiale est là, les investisseurs ont confiance », confie Jacques Kouassi.
Le résultat le plus notable aura été la résilience et l’efficacité opérationnelle du secteur : « Azito n’a jamais cessé de fonctionner », insiste Jacques Kouassi « Même au plus fort de la crise postélectorale de 2010-2011, il y avait toujours de l’électricité, malgré des coupures. »