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Enquête/ Cordonnier, coiffeur, vulcanisateur…Dans les secrets de jeunes qui ont réussi dans ces activités.
Enquête/ Cordonnier coiffeur vulcanisateur...Dans les secrets de jeunes qui ont réussi dans ces activités.

Enquête/ Cordonnier, coiffeur, vulcanisateur…Dans les secrets de jeunes qui ont réussi dans ces activités.

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Enquête/ Cordonnier coiffeur vulcanisateur...Dans les secrets de jeunes qui ont réussi dans ces activités.

Enquête/ Cordonnier coiffeur vulcanisateur...Dans les secrets de jeunes qui ont réussi dans ces activités.

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 Ici, dans un salon de coiffure à Bingerville, ces jeunes coiffeurs travaillent pour assurer leur quotidien. (Photo : VK)
Ils sont nombreux, ces élèves, déscolarisés, diplômés sans emploi ou chômeurs, qui s’adonnent au quotidien, à de petits boulots pour s’assurer une autonomie financière. Pour certains parmi eux, ce sont des métiers intermédiaires.

Dans des quartiers d’Abidjan, on découvre une floraison de petits salons de coiffure, des magasins ou des parasols pour des vulcanisateurs, des cordonniers qui sont en plein air.

N’ayant pas forcément les compétences requises pour exercer leurs activités en plein temps, ces personnes offrent des services qui sont à la bourse de tous.

Ce qui fait que leurs lieux de travail drainent du monde.

De tous ces métiers, on observe une grande convergence des jeunes vers celui de la coiffure due à l’effet de mode.

Ensuite, il est moins contraignant, facile à apprendre et donne droit à plus de liberté.

Assurer le nécessaire en attendant le meilleur

De tous ceux que nous avons interrogés quant à leur intérêt pour la coiffure, la grande majorité reconnaît qu’elle lui permet de pouvoir mettre en valeur, son génie de créativité, en plus de lui procurer une certaine autonomie financière.

D’ailleurs, ils ont fait savoir que l’aventure dans d’autres secteurs ne leur a pas porté chance.

C’est le cas d’Edidi Robert dit Léon, patron d’un petit salon de coiffure à Bingerville.

« Je n’ai jamais pensé à me mettre à la coiffure. Ce sont les contraintes de la vie qui m’ont amené à me retrouver dans ce secteur.

Ça n’allait pas à l’école, j’ai donc décidé d’apprendre un métier. D’abord, avec la mécanique qui n’a pas marché, je suis tourné vers mon oncle qui était coiffeur.

Depuis ce temps, je me suis intéressé au métier de la coiffure », a-t-il témoigné.

Il a compris qu’avec beaucoup d’efforts fournis, l’argent qu’il amassé sur une bonne période donnée, n’a servi que pour assurer le nécessaire.

C’est-à-dire pour payer le loyer de son lieu de travail et de son habitation, puis renouveler des produits cosmétiques pour son service.

À l’exception des grands salons qui sont fréquentés par des personnes d’une certaine classe de la société et dont les prix varient entre 3 000 FCFA et 6 000 FCFA, voire plus, les petits salons ne proposent qu’entre 500 FCFA et 1000 FCFA.

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« Ce n’est pas facile, quand tu constates qu’à la fin du mois, le peu d’argent que tu as obtenu sert à payer le loyer et à te nourrir.

C’est tout.

Il faut peut-être augmenter la prestation à 1 000 F CFA pour qu’on puisse s’en sortir. Sinon, avec 500 FCFA, on ne pourra pas s’en sortir et employer des personnes qui se « cherchent » comme ceux qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école.

Nous attendons du soutien de l’État ou des personnes de bonne volonté.

Ce soutien n’est pas forcément financier, mais on peut nous fournir du matériel de travail avec des produits d’entretien », a-t-il plaidé.

Pour gagner sa vie, Edidi Robert dit se rendre au travail dès 7 H 30 mn pour ne rentrer que le soir entre 21 h et 22 h.

« Le métier nourrit son homme, parce que tu auras de quoi à manger tant que tu travailles. Mais on devrait avoir plus.

C’est-à-dire avoir une épargne, disposer d’un compte bancaire, une assurance vie, santé pour nous et notre petite famille.

Mon rêve est d’avoir un Baber Shop et avoir avec moi, des jeunes qui sont disposés pour le travail.

Exercer le métier de coiffeur n’est pas une chose aisée en Afrique. C’est négligé, on se fout un peu des coiffeurs », a-t-il indiqué.

Pour Daté Koffi Cilace, apprenti-coiffeur, le contrat qui le lie à son employeur lui permet de disposer d’un peu de moyens financiers pour subvenir à ses besoins.

« J’étais élève, mais un moment donné, ça n’allait pas.

Donc, je me suis tourné vers la coiffure.

Cela fait bientôt un an que je me suis lancé dans ce métier.

Je ne regrette pas, parce qu’au niveau de la nourriture, j’arrive à me nourrir, avoir un peu d’argent de poche et aider ma famille », a-t-il raconté.

A.K.Y, étudiant à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan Cocody, est coiffeur à ses heures perdues à Faya (Cocody) dans un salon de coiffure.

« Je coiffe en fonction de mon emploi du temps.

On me paie par tête de client et cet argent me permet de prendre en charge, puisque je ne reçois plus rien de mes parents.

L’argent obtenu m’a permis de m’acheter des tondeuses pour coiffer à domicile.

La coiffure pour moi, c’est un passe-temps jusqu’à ce que les choses rentrent en ordre au niveau de mes études », a-t-il déclaré.

Les personnes qui ont opté pour d’autres métiers de transition, tels que celui de vulcanisateur, ne s’en plaignent pas, pourvu que cela leur permette de se prendre en charge.

Briser les barrières pour se prendre en charge

Razak Olamidé s’est reconverti en vulcanisateur. Ayant la trentaine, il est patron d’un petit magasin de vente de pneus autos, motos, vélos, pièces de voiture et d’entretien de pneus non loin du marché d’Abobo.

Lui également, s’est dit contraint d’embrasser le métier face à des contraintes familiales. D’ailleurs, il a dû se sacrifier pour permettre à son petit frère de poursuivre ses études.

« J’étais élève en classe de 6e lorsque ma mère est décédée.

Ensuite, mon père qui nous soutenait est aussi décédé. J’ai essayé de forcer les choses jusqu’à la classe de 3ème, mais la situation était difficile parce que plus moi, il y a mon petit frère à soutenir.

J’ai décidé de m’orienter vers un petit job pour l’aider jusqu’à ce qu’il parvienne à la classe de 3ème, mais au fur et à mesure, les besoins devenaient énormes.

Je me suis orienté vers la couture. Même dans mes rêves, je n’ai jamais pensé qu’un jour, j’allais être vulcanisateur. On dit qu’il faut avoir la force pour exercer cette activité, donc je me suis orienté vers la couture. Ce que j’ai refusé au départ, c’est là que je me suis retrouvé », a-t-il expliqué.

Le jeune Razak Olamidé dit avoir exercé le métier de vulcanisateur grâce aux conseils de son oncle chez qui il logeait.

Après quelques années d’apprentissage, il décide d’ouvrir son propre commerce avec l’onction de son ex-patron qui l’a formé aux techniques du métier.

Cela fait 2 ans qu’il est installé à son propre compte et emploie aujourd’hui 3 à 4 jeunes.

« C’est grâce à mon patron que je me suis engagé à fond dans ce métier.

Vu le sérieux que je mettais dans le travail, il m’a ouvert son cœur en me montrant des circuits d’approvisionnements de pièces moins chères.

Aujourd’hui, j’ai mon propre magasin. Je suis père d’un enfant et je loue une maison.

A vrai dire, avec ce métier, je gagne honnêtement ma vie.

C’est vrai, les recettes ne sont suffisantes comme je le souhaite, mais le peu me permet de me prendre en charge, d’aider mon frère élève qui est maintenant à l’université et mon fils », a-t-il confié.

Cependant, Razak Olamidé ne compte pas fait carrière dans le métier de vulcanisateur.

Il rêve de passer à autre chose qu’il ignore pour l’instant. Selon lui, ce sera une activité qui pourrait lui permettre de mieux se prendre en charge et aider ses frères.

« Il faut le dire, j’exerce ce métier en attendant d’avoir mieux. Au départ, j’ai cru que le métier de vulcanisateur était dur, mais c’est loin de cela.

Quand tu fais un métier et que tu privilégies l’argent à ta formation, tu ne pourras jamais être performant ».

La cordonnerie, le métier de la seconde chance

M.N exerce en plein centre de Cocody, précisément au carrefour de la Riviera dit 9 Kilos, la cordonnerie. Il n’a qu’un parasol comme support pour abri et une petite table confectionnée sur laquelle il étale ses outils de travail. Depuis 02 ans, il squatte les lieux pour se faire un peu d’argent. Très sollicité par la clientèle dont majoritairement les femmes, M.N mène son activité avec passion. Le coût de ses prestations varie de l’ordre de 500 FCFA à 3000 FCFA.

« Au départ, j’étais de l’autre côté, mais une voiture me gênait. Donc, j’ai dû venir ici.

Je couds, cire et colle les chaussures. Généralement, c’est le matin que l’activité marche bien, parce qu’il y a du monde.

On ne se plaint pas, on se débrouille un peu un peu. J’ai la famille à Abobo, le métier m’aide à prendre en charge cette famille », a-t-il fait savoir.

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Dans nos échanges, notre interlocuteur nous apprendra qu’avant d’embrasser ce métier, il était fabricant de briques à Bingerville.

Une expérience qui aurait mal tourné et l’a contraint à se lancer dans le métier de cordonnerie. « Une année, j’étais à Bingerville Santé où je fabriquais et vendais des briques.

Je me suis en sorti avec des crédits, la forte pluie à l’époque a endommagé certaines briques.

C’est grâce à la cordonnerie que j’ai pu rembourser mes dettes. Plein de personnes me doivent de l’argent, mais elles font comme s’il n’y a rien.

Pourtant, j’ai des compatriotes qui sont toujours dans le métier de fabrication de briques qui s’en sortent, mais moi, je n’ai pas eu la chance », à peine a-t-il raconté, qu’une élève l’interrompt pour lui tendre sa chaussure qui s’est décollée en cours de chemin.

Une autre aventure du métier de la cordonnerie est partagée par un duo d’amis au cœur du Plateau, dans les encablures des tours administratives. Leur présence est fortement appréciée des bureaucrates qui en profitent pour redonner de la valeur à leurs chaussures.

« Nous venons tôt le matin pour commencer le travail. Et on ne rentre qu’à partir de 18 h. Ce n’est pas facile ! Mais nous n’avons pas le choix. En attendant de passer les concours, on se prend en charge avec ce petit boulot qui nous permet de nous dépanner », a laissé entendre l’un des deux.

Entre études et petits boulots

Aicha T., issue d’une famille où les parents sont aisés, travaille comme pompiste dans une station à essence située sur le boulevard Valérie Giscard d’Estaing (VGE) à Koumassi. Elle nous a confié qu’elle entend subvenir à ses besoins grâce aux fruits de ses efforts.

« Moi, je n’attends rien de mes parents, je cherche mon argent. Actuellement, chacun se cherche. Mes parents ont eu pour eux, c’est à mon tour d’apprendre à me battre. Je suis en année de BTS Communication – Markéting. J’ai besoin d’argent pour ouvrir mon commerce à la fin de la formation. J’ai beaucoup de projets que je dois financer », a-t-elle relaté.

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Yannick K. vend des téléphones dits de seconde main au grand carrefour de Koumassi avec son diplôme de BAC en poche. L’argent qu’il perçoit lui a servi à passer deux fois, sans succès, le concours de la gendarmerie nationale. À l’image de l’un de ses compagnons qui l’a précédé en réussissant avec brio, le test de ce corps d’élite, Yannick a ses chances d’intégrer l’effectif des gendarmes de Côte d’Ivoire, un métier qu’il admire depuis sa tendre enfance.

Les exemples sont légion. Les individus qui mènent de petits boulots pour assumer leur quotidien, s’en sortent dans le futur.

Venance Kokora

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