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Entretien exclusif de Ouattara/ par Marwane Ben Yahmed : Son 3ème mandat (1er mandat de la 3ème république), Bédié et Gbagbo, le RHDP…le cas de Soro, covid etc….
Entretien exclusif de Ouattara/ par Marwane Ben Yahmed : Son 3ème mandat (1er mandat de la 3ème république) Bédié et Gbagbo le RHDP…le cas de Soro covid etc....

Entretien exclusif de Ouattara/ par Marwane Ben Yahmed : Son 3ème mandat (1er mandat de la 3ème république), Bédié et Gbagbo, le RHDP…le cas de Soro, covid etc….

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Entretien exclusif de Ouattara/ par Marwane Ben Yahmed : Son 3ème mandat (1er mandat de la 3ème république), Bédié et Gbagbo, le RHDP…le cas de Soro, covid etc....

Pour la première fois depuis sa réélection, en octobre 2020, le chef de l’État ivoirien se confie.

Pour « Jeune Afrique », il revient sur les difficultés de l’année qui vient de s’écouler et insiste sur le nécessaire renouvellement de la classe politique. La dernière interview qu’Alassane Ouattara (ADO) nous avait accordée, en mars 2020,semble remonter à une autre époque.

C’était le temps où se forgeait l’après-ADO. Le chef de l’État, alors âgé de 78 ans, avait pris la décision de quitter le pouvoir et de transmettre le témoin à son « ils » et plus proche collaborateur depuis près de trente ans, Amadou Gon Coulibaly (AGC). Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), né quelques mois plus tôt, se mettait en ordre de bataille pour appuyer cette candidature.

Hamed Bakayoko, autre poids lourd du parti et proche du président, avait accepté de se ranger derrière Gon Coulibaly et de mettre ses qualités et son réseau au service du « Lion de Korhogo », dont il était si complémentaire.

Le président Alassane Ouattara dans son bureau du Plateau, à Abidjan, le 15 septembre 2021.

Apaisement

Un an et demi plus tard, ce scénario censé porter sur les fonts baptismaux la Côte d’Ivoire de demain a des allures de relique. « AGC » et « Hambak », décédés respectivement en juillet 2020 et en mars 2021, laissent un vide immense.

Alassane Ouattara s’est Finalement résolu à briguer un troisième mandat, ce qui a mis le feu aux poudres : campagne électorale nauséabonde, scrutin sous haute tension, violences, appels de l’opposition à la déstabilisation, à la désobéissance civile ou au boycott (en fonction du niveau d’animosité à l’égard du chef de l’État)…

Une énième crise politique et son corollaire, la peur de l’embrasement. Les mânes de la période décembre 2010-avril 2011 hantaient toujours la lagune Ébrié.

Depuis cette sinistre séquence, la raison a fini par prévaloir et l’heure est à l’apaisement.

Ouattara a été réélu, Laurent Gbagbo, acquitté par la Cour pénale internationale (CPI), est rentré en Côte d’Ivoire et Henri Konan Bédié a mis de l’eau dans son champagne.

Le chef de l’État a même rencontré ses deux prédécesseurs et adversaires de toujours, et le trio se donne à nouveau du « mon frère » en s’embrassant comme du bon pain.

Sur le fond, et sur ce que chacun pense des deux autres, cela ne change rien. Mais sur la forme, cela change tout. Patrick Achi a pris les rêne s du gouvernement,

Laurent Gbagbo a quitté le Front populaire ivoirien (FPI) pour créer une nouvelle formation et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) attend toujours de savoir si Bédié passera un jour la main.

Quant à Guillaume Soro, l’ancien chef rebelle devenu président de l’Assemblée nationale désormais en rupture de ban, il poursuit son exil mystérieux. Sans doute s’interroge-t-il sur les vicissitudes du destin : s’il avait fait preuve de patience et était resté au RHDP, il aurait aujourd’hui un boulevard devant lui dans la course à la succession de Ouattara.

Pour répondre à nos questions, notamment sur la manière dont il a vécu ces dix-huit derniers mois et sur sa vision de l’avenir, le chef de l’État nous a reçu le 15 septembre, en !n de matinée, dans son vaste bureau du palais présidentiel, au Plateau. Un entretien de plus d’une heure, le premier qu’il accorde depuis sa réélection.

Jeune Afrique

: L’année écoulée a été particulièrement éprouvante, entre les décès de vos deux Premiers ministres, votre candidature à un troisième mandat contestée par l’opposition et une présidentielle tendue… Sans oublier la crise liée au Covid-19. Comment l’avez vous vécue et qu’en avez-vous retiré ?

Alassane Ouattara

: Cette année a effectivement été très difficile. La disparition de deux de mes très proches collaborateurs, que je considérais comme des fils, Amadou Gon Coulibay et Hamed Bakayoko, représente une perte immense pour la Côte d’Ivoire tant le travail qu’ils ont accompli au service de la nation a été considérable.

Et pour moi aussi, évidemment, compte tenu des liens personnels et effectifs que nous entretenions.

Amadou avait été désigné candidat du RHDP à l’élection présidentielle, notamment pour incarner le renouvellement générationnel que j’appelais de mes vœux.

Son décès brutal, quelques semaines seulement avant le dépôt des candidatures, m’a amené à revenir sur ma décision [de quitter le pouvoir], et je l’ai fait à la demande de mon parti. La Constitution, approuvée par les Ivoiriens à plus de 93 % en 2016, m’y autorisait.

Je ne le souhaitais pas car j’avais fait le choix, en mon âme et conscience, de me retirer. Mais j’ai estimé que c’était nécessaire pour la stabilité du pays.

Ce qui s’est passé par la suite m’a profondément choqué et me laisse un goût amer.L’élection a été entachée de graves incidents après que certains « responsables » de l’opposition ont appelé à la désobéissance civile et tenté de faire prospérer l’idée d’une transition qui n’aurait eu ni base légale ni légitimité.

EN CE QUI CONCERNE LES TROIS GRANDS LEADERS POLITIQUES DE CE PAYS, LES CHOSES SE PASSENT BIEN !

Ces personnes savaient pertinemment que j’étais éligible à un nouveau mandat et que j’avais initialement décidé de me retirer. Cette malhonnêteté intellectuelle m’a profondément déçu.

Comment de hauts responsables, dont certains ont géré la Côte d’Ivoire, peuvent-ils décider d’organiser le boycott des élections et appeler à des actions qui ont conduit à des violences et à des morts ?

Une commission d’enquête a été mise en place. Les résultats seront rendus publics et des sanctions seront prises.

L’atmosphère est-elle plus apaisée aujourd’hui ?

Heureusement, oui.

Nous sortons d’un cycle électoral complet, avec la présidentielle d’octobre 2020 et les législatives de mars 2021, auxquelles l’opposition a pris part.

Nous avons désormais une Assemblée nationale plurielle, où sont représentés tous les partis significatifs de notre pays. C’est la première fois depuis plus de vingt ans.

L’heure serait donc enfin à la réconciliation ?

C’est en tout cas mon souhait et nous faisons tout pour y parvenir.

Une loi d’amnistie a été adoptée en 2018, un ministère consacré à la réconciliation et à la cohésion nationale a été créé et, plus récemment, la quasi-totalité des civils incarcérés dans le contexte de ces crises politiques a été mis en liberté conditionnelle.

Nous avons également instauré un cadre de dialogue entre le gouvernement et les partis.

Enfin, j’ai rencontré les présidents Henri Konan Bédié, le 11 novembre 2020,et Laurent Gbagbo, le 27 juin. le 27 juillet dernier.

Comment avez-vous vécu le retour de Laurent Gbagbo, en juin, et que vous êtes-vous dit un mois plus tard ?

Pour moi, c’était une évidence qu’après son procès à la CPI, Laurent Gbagbo devait rentrer en Côte d’Ivoire.

Nous avons organisé son retour, les choses se sont bien passées et nous nous sommes rencontrés.

C’était un entretien fraternel et amical. Laurent Gbagbo est un acteur majeur de la vie politique de notre pays mais aussi un ancien président.

J’ai donc donné des instructions pour qu’il reçoive tous les avantages et toutes les considérations dus à son rang.

Le pensez-vous sincère quand il dit vouloir prendre part à la réconciliation nationale ?

Le passif entre vous est lourd…

Je ne veux pas le juger, ses actes parleront pour lui.

Nous avons désormais de bonnes relations, des relations normales, et nous échangeons souvent au téléphone.

Et avec Henri Konan Bédié ?

C’est la même chose. Je l’ai eu récemment au téléphone, à l’occasion d’un deuil qui a frappé sa famille.

Je considère qu’en ce qui concerne les trois grands leaders politiques de ce pays, comme les gens disent – et si je suis inclus dans ce trio –, les choses se passent bien.

Nous devons d’ailleurs nous voir dans un avenir proche afin d’échanger sur les défis que la Côte d’Ivoire se doit de relever.

Que pensez-vous de leur alliance ?

C’est leur décision.

Certains de vos proches la décrivent comme un jeu de dupes…

Disons que c’est effectivement surprenant, car ils n’ont pas la même idéologie politique : Laurent Gbagbo est un socialiste et Henri Konan Bédié, un libéral centriste…

Je peine à imaginer les contours du programme qu’ils pourraient proposer ensemble aux Ivoiriens !

Entretien exclusif de Ouattara/ par Marwane Ben Yahmed de Jeune Afrique : Son 3e mandat, Bédié et Gbagbo, le RHDP…le cas de Soro, covid etc…

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