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Interview/David Cowan (Expert Citi Bank): « La Côte d’Ivoire a plutôt bien géré les effets de la Covid et de la crise russo-ukrainienne ».
Interview/David Cowan (Expert Citi Bank): "La Côte d’Ivoire a plutôt bien géré les effets de la Covid et de la crise russo-ukrainienne".

Interview/David Cowan (Expert Citi Bank): « La Côte d’Ivoire a plutôt bien géré les effets de la Covid et de la crise russo-ukrainienne ».

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Interview/David Cowan (Expert Citi Bank) : "La Côte d’Ivoire a plutôt bien géré les effets de la Covid 19 et de la crise russo-ukrainienne".

Interview/David Cowan (Expert Citi Bank): "La Côte d’Ivoire a plutôt bien géré les effets de la Covid et de la crise russo-ukrainienne".

PHOTO Expert Citi Bank (Sebastien Kouassi) (2)

Vous ne pouvez pas connaître un pays sans l’avoir visité. Aucun pays africain n’a réussi à émettre des Eurobonds l’an dernier. Et s’il y a un pays qui pourrait potentiellement revenir sur ce marché, c’est bien la Côte d’Ivoire. Donc, le but de ma présence ici, c’est de voir comment évoluent les choses en Côte d’Ivoire.

Et que peut-on retenir après vos études ?

Le gouvernement ivoirien ne voudra pas revenir sur ce marché si le coût de l’Eurobond ne baisse pas.

Il optera pour d’autres choix financiers.
La combinaison entre le déficit fiscal et la croissance a généré beaucoup d’emprunts.
Le monde entier subit de plein fouet, depuis près de trois ans, une inflation généralisée due à deux crises successives.

A savoir la pandémie de la Covid-19 et la guerre en Ukraine.

Quels sont les pays ou les catégories de pays les plus touchés par l’inflation dans le monde ?

S’agissant de l’Afrique, les pays les plus impactés par la crise russo-ukrainienne sont l’Afrique du Nord, le Sénégal et le Soudan.

Pourquoi ?

Parce que leurs populations respectives consomment beaucoup plus le blé.

Par ailleurs, ce qui a le plus impacté l’ensemble des pays africains, c’est l’augmentation du prix du pétrole.

Je tiens toutefois à préciser que le prix du pétrole n’a pas véritablement augmenté en Côte d’Ivoire comme dans les autres pays africains.

L’inflation en Côte d’Ivoire n’est pas énorme, comparativement aux autres pays notamment le Ghana, l’Angola, la Zambie et le Nigeria. C’est aussi lié à leur monnaie.

Voulez-vous dire que le FCfa joue un rôle important dans la baisse de l’inflation en Afrique de l’Ouest et, en particulier, en Côte d’Ivoire ?Le Franc CFA seul ne suffit pas. A preuve, l’inflation est élevée au Sénégal. Il faut une combinaison de plusieurs facteurs. La stabilité, la subvention, les réalisations d’infrastructures, la production agricole, etc. Au Sénégal, la subvention apportée par l’État n’est pas aussi importante qu’en Côte d’Ivoire.

Pour limiter l’inflation en Afrique, il faut surtout augmenter la production alimentaire domestique. Près de 30% de l’inflation dans les pays africains sont liés aux denrées alimentaires. Il faut augmenter la production du vivrier.

Quel est votre avis sur la gestion de ces deux crises et leurs conséquences par la Côte d’Ivoire ?

La Côte d’Ivoire a plutôt bien géré ces deux crises. La croissance de la Côte d’Ivoire a certes baissé jusqu’à 2% en 2020, mais c’était mieux que celle des autres pays. En effet, dans beaucoup de pays, la croissance était négative. Et les remontées ont été très fortes au cours des deux dernières années.

L’économie de la Côte d’Ivoire a connu un rebond. Beaucoup de personnes estiment que l’inflation est trop forte en Côte d’Ivoire. Mais lorsqu’on la compare à d’autres pays africains, ce n’est vraiment pas le cas. Par exemple, au Sénégal, il y a eu une inflation de presque 11%, comparé à 5,6% ici en Côte d’Ivoire.
La croissance économique et l’inflation sont liées. L’une des raisons pour lesquelles l’inflation est basse, c’est le fait que le gouvernement ait subventionné beaucoup de produits. De la même manière, il y a eu beaucoup de réalisations en termes d’infrastructures. Cela impulse la croissance.
Tous ceux qui sont à Abidjan peuvent voir les réalisations en cours. Mais cela veut également dire que le déficit fiscal n’est pas le même qu’auparavant. Notre compréhension, c’est qu’on est à mi-chemin de l’élection présidentielle de 2025. Donc le gouvernement a deux objectifs.
Le premier est de faire descendre le déficit fiscal.
Et le second, diversifier la croissance de sorte qu’elle ne prenne pas seulement en compte les investissements, mais aussi le vivrier. En 2023, l’inflation de plusieurs pays africains va descendre. Et celle de la Côte d’Ivoire sera légèrement plus basse.

Pourquoi ?

Parce que dans beaucoup de pays africains, notamment en Côte d’Ivoire et au Nigeria, il y a eu beaucoup de pluies. C’est vrai qu’il y a eu des inondations dans certains pays et la sécheresse dans d’autres.

Mais normalement, cela ne dure pas plus de 3 ans pour que tout redevienne normal.

Et quelle est la situation dans le reste du monde, notamment au Moyen Orient et en Europe ?

Ce ne sont pas les mêmes réalités. La situation était meilleure pour les pays du Moyen Orient qui exportent le pétrole.

En Europe, l’inflation dans beaucoup de pays est d’environ 10% comparée à 5% ici. Sur le plan mondial, la Côte d’Ivoire n’est pas aussi mal lotie qu’on le pense.

Comment peut-on expliquer les effets de la crise ukrainienne sur le coût du vivrier en Côte d’Ivoire notamment ?

C’est un problème global. Ce n’est pas seulement en Côte d’Ivoire.

Chaque fois qu’il y a une crise, c’est ainsi que ça se passe. Les gouvernements africains doivent aussi mettre l’accent sur la création d’emplois.
Il n’y a pas suffisamment d’emplois pour la jeunesse.
Et cela contribue à la cherté de la vie. Par ailleurs, en Europe, le gouvernement soutient les chômeurs.
Ce qui n’est pas le cas en Afrique en général. Ici, on doit se débrouiller pour survivre.
En outre, il y a beaucoup d’emplois informels. Il faut transformer le secteur informel en secteur formel et créer ainsi beaucoup plus d’emplois formels.

Comment expliquez-vous alors la résilience de l’économique ivoirienne, alors que le monde entier est en difficulté ?

Parce qu’une bonne partie de la population ivoirienne n’est pas directement impactée par ces deux crises.

Notamment les agriculteurs. Ces deux crises n’affectent pas directement la productivité du cacao par exemple.
Et les prix des produits agricoles n’ont pas changé. Au moins 15% de la population continuent de vivre comme avant.
Pour calculer le Pib dans un pays comme la Côte d’Ivoire, c’est un peu compliqué.
Car, il faut prendre en compte le secteur formel, mais aussi le secteur informel. Ici, le Pib ne reflète pas la vraie richesse du pays.

Cela explique aussi pourquoi on est résilient. Parce que tout n’est pas capturé.

La crise russo-ukrainienne a-t-elle un impact sur le FCfa ?

Non. Indirectement peut-être. On peut dire que l’Euro et le dollar ont été impactés par la crise russo-ukrainienne.

L’Euro a été plus impacté par la crise russo-ukrainienne que le dollar.
Peut-être par transitivité, on peut dire que le Cfa aussi s’est affaibli par rapport au dollar.
Vu que le Cfa est rattaché à l’Euro.
Mais le Cfa n’est pas directement impacté par cette crise.
Interview réalisée par CASIMIR DJEZOU       

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