
Interview/David Cowan (Expert Citi Bank): « La Côte d’Ivoire a plutôt bien géré les effets de la Covid et de la crise russo-ukrainienne ».

Interview/David Cowan (Expert Citi Bank): "La Côte d’Ivoire a plutôt bien géré les effets de la Covid et de la crise russo-ukrainienne".
.
Vous ne pouvez pas connaître un pays sans l’avoir visité. Aucun pays africain n’a réussi à émettre des Eurobonds l’an dernier. Et s’il y a un pays qui pourrait potentiellement revenir sur ce marché, c’est bien la Côte d’Ivoire. Donc, le but de ma présence ici, c’est de voir comment évoluent les choses en Côte d’Ivoire.
Et que peut-on retenir après vos études ?
Le gouvernement ivoirien ne voudra pas revenir sur ce marché si le coût de l’Eurobond ne baisse pas.
A savoir la pandémie de la Covid-19 et la guerre en Ukraine.
Quels sont les pays ou les catégories de pays les plus touchés par l’inflation dans le monde ?
S’agissant de l’Afrique, les pays les plus impactés par la crise russo-ukrainienne sont l’Afrique du Nord, le Sénégal et le Soudan.
Pourquoi ?
Parce que leurs populations respectives consomment beaucoup plus le blé.
Par ailleurs, ce qui a le plus impacté l’ensemble des pays africains, c’est l’augmentation du prix du pétrole.Je tiens toutefois à préciser que le prix du pétrole n’a pas véritablement augmenté en Côte d’Ivoire comme dans les autres pays africains.
L’inflation en Côte d’Ivoire n’est pas énorme, comparativement aux autres pays notamment le Ghana, l’Angola, la Zambie et le Nigeria. C’est aussi lié à leur monnaie.
Voulez-vous dire que le FCfa joue un rôle important dans la baisse de l’inflation en Afrique de l’Ouest et, en particulier, en Côte d’Ivoire ?Le Franc CFA seul ne suffit pas. A preuve, l’inflation est élevée au Sénégal. Il faut une combinaison de plusieurs facteurs. La stabilité, la subvention, les réalisations d’infrastructures, la production agricole, etc. Au Sénégal, la subvention apportée par l’État n’est pas aussi importante qu’en Côte d’Ivoire.
Quel est votre avis sur la gestion de ces deux crises et leurs conséquences par la Côte d’Ivoire ?
La Côte d’Ivoire a plutôt bien géré ces deux crises. La croissance de la Côte d’Ivoire a certes baissé jusqu’à 2% en 2020, mais c’était mieux que celle des autres pays. En effet, dans beaucoup de pays, la croissance était négative. Et les remontées ont été très fortes au cours des deux dernières années.
Pourquoi ?
Parce que dans beaucoup de pays africains, notamment en Côte d’Ivoire et au Nigeria, il y a eu beaucoup de pluies. C’est vrai qu’il y a eu des inondations dans certains pays et la sécheresse dans d’autres.
Et quelle est la situation dans le reste du monde, notamment au Moyen Orient et en Europe ?
Ce ne sont pas les mêmes réalités. La situation était meilleure pour les pays du Moyen Orient qui exportent le pétrole.
Comment peut-on expliquer les effets de la crise ukrainienne sur le coût du vivrier en Côte d’Ivoire notamment ?
C’est un problème global. Ce n’est pas seulement en Côte d’Ivoire.
Comment expliquez-vous alors la résilience de l’économique ivoirienne, alors que le monde entier est en difficulté ?
Parce qu’une bonne partie de la population ivoirienne n’est pas directement impactée par ces deux crises.
Cela explique aussi pourquoi on est résilient. Parce que tout n’est pas capturé.
La crise russo-ukrainienne a-t-elle un impact sur le FCfa ?
Non. Indirectement peut-être. On peut dire que l’Euro et le dollar ont été impactés par la crise russo-ukrainienne.

