L’ancien Président de la République Laurent Gbagbo disait concernant feu Henri Konan Bédié : Laurent Gbagbo avait alors choisi de ne pas intervenir, affirmant que « le statut d’ancien chef d’État ne comporte pas d’immunité ». Pour Gbagbo, un ancien président devait répondre de ses actes devant la justice, au même titre qu’un citoyen ordinaire. Alors aujourd’hui pourquoi faudra t-il que l’on fasse une exception pour son cas; n’est -il pas un citoyen ordinaire ?.En conséquence la VAR le rattrape.
L’histoire a un étrange sens de l’ironie. Laurent Gbagbo, ancien président de la Côte d’Ivoire, se retrouve aujourd’hui confronté à ses propres déclarations passées, celles où il affirmait avec force que le statut d’ancien chef d’État ne conférait aucune immunité. Ces mots, prononcés à l’époque pour justifier une distance vis-à-vis des poursuites engagées contre Henri Konan Bédié, ancien président renversé par un coup d’État en 1999, reviennent aujourd’hui hanter Gbagbo alors qu’il affronte ses propres démêlés judiciaires.
En 2000, alors qu’il venait de prendre le pouvoir, Laurent Gbagbo avait été interrogé sur les ennuis juridiques d’Henri Konan Bédié. Ce dernier, évincé du pouvoir, faisait face à des accusations de corruption et d’autres affaires judiciaires. Laurent Gbagbo avait alors choisi de ne pas intervenir, affirmant que « le statut d’ancien chef d’État ne comporte pas d’immunité ». Pour Gbagbo, un ancien président devait répondre de ses actes devant la justice, au même titre qu’un citoyen ordinaire.
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Cette position avait marqué les esprits, cristallisant la détermination de Laurent Gbagbo à se démarquer des pratiques d’impunité souvent observées en Afrique. Mais, plus de deux décennies plus tard, ces mêmes mots reviennent pour illustrer la complexité de la situation actuelle de Laurent Gbagbo.
Acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) en 2019 après une longue procédure liée à la crise post-électorale de 2010, Laurent Gbagbo n’est pourtant pas encore totalement sorti d’affaire. En Côte d’Ivoire, son nom a été retiré de la liste électorale, une décision qui suscite de nombreuses interrogations et controverses. Pour certains, c’est un acte politique destiné à empêcher son retour sur la scène politique ivoirienne. Pour d’autres, c’est simplement l’application stricte de la loi.
Le statut d’ancien Président : Gbagbo coincé par ses propres mots
Les propos de Gbagbo, tenus il y a plus de 20 ans, résonnent aujourd’hui avec une intensité particulière. Dans un contexte où le président actuel, Alassane Ouattara, pourrait également choisir de ne pas s’immiscer dans les affaires judiciaires de son prédécesseur, la déclaration de Gbagbo selon laquelle « le statut d’ancien chef d’État ne comporte pas d’immunité » pourrait bien se retourner contre lui.
Il est intéressant de noter comment la vie politique en Côte d’Ivoire, et en Afrique plus largement, est marquée par une sorte de VAR (assistance vidéo à l’arbitrage), où les actions et les paroles passées sont revisitées et jugées à l’aune des événements actuels. Ce rappel constant du passé souligne l’importance des positions prises par les dirigeants, qui peuvent, des années plus tard, se retrouver dans des situations similaires à celles qu’ils avaient critiquées.
Aujourd’hui, Laurent Gbagbo doit faire face à une réalité qu’il avait lui-même défendue : l’immunité ne protège pas les anciens présidents. Ce retour de bâton politique, qui pourrait bien déterminer l’avenir de Gbagbo en Côte d’Ivoire, nous rappelle à quel point les trajectoires politiques sont imprévisibles et souvent ironiques.
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Alors que les Ivoiriens et la communauté internationale attendent de voir comment cette situation évoluera, une chose est claire : l’ombre des paroles de Gbagbo planera sur tout développement futur. Le destin semble parfois cruel, mais il est toujours juste. Laurent Gbagbo en sait désormais quelque chose.
Prince Beganssou