Moody’s (Agence de notation Américaine) améliore la note de crédit de la Côte d’Ivoire à Ba2.
Moody’s améliore la note de crédit de la Côte d’Ivoire à Ba2.
Moody’s a annoncé une évolution favorable de la note de crédit de la Côte d’Ivoire au terme d’une nouvelle évaluation rendue publique ce 1er mars 2024.
L’agence de notation américaine a en effet relevé les notes d’émetteur à long terme en monnaie locale et en devises du gouvernement ivoirien, ainsi que « les notes de premier rang non garanties en devises », de Ba3 à Ba2, soit 2 crans en dessous de la qualité moyenne de crédit.
En d’autres termes, Moody’s affirme que la capacité de la Côte d’Ivoire à rembourser ses emprunts s’est améliorée ; le pays n’est donc pas trop risqué pour les prêteurs.
Cette évaluation correspond à la deuxième meilleure note souveraine obtenue par un pays africain de la part de Moody’s, après la note Ba1 du Maroc.
« La première raison du relèvement de la note souveraine de la Côte d’Ivoire à Ba2 est la résilience et la diversification croissantes de l’économie ivoirienne, qui s’appuient sur des perspectives de croissance robustes et une compétitivité en hausse », précise l’agence.
Résilience et diversification croissantes de l’économie ivoirienne
A titre d’illustration, Abidjan a connu une croissance économique rapide entre 2012 et 2023, matérialisée par un taux de croissance moyen annuel de 7,1%.
Ce qui a permis au PIB réel d’atteindre 79 milliards de dollars en 2023. Parallèlement, Moody’s prévoit que le PIB par habitant du pays dépassera 10 000 dollars en parité de pouvoir d’achat (PPA) d’ici 2030, contre 6 485 dollars à fin 2022.
En outre, l’augmentation des investissements du secteur privé, avec une croissance moyenne de 8,6% au cours de la dernière décennie, en particulier dans les secteurs de l’énergie et de l’industrie manufacturière, fait partie des principaux catalyseurs de cette embellie économique.
« La croissance et la diversification de l’économie devraient continuer à bénéficier de l’expansion de la production d’hydrocarbures, grâce à l’augmentation de la production des champs pétroliers offshore de Baleine », a poursuivi Moody’s.
Enfin, la force institutionnelle et la gouvernance de la Côte d’Ivoire qui se sont continuellement améliorées depuis 2011, selon l’agence, ont aussi contribué à ce dynamisme économique.
Un assainissement budgétaire continu
La seconde raison a trait à l’effort d’assainissement budgétaire mis en place par le gouvernement ivoirien et qui a notamment permis une réduction du déficit budgétaire de 6,8% du PIB en 2022 à 5,3% en 2023, en lien avec une augmentation des recettes fiscales, soutenue par le nouveau programme conclu avec le FMI.
Dans le cadre de ce programme, Moody’s s’attend à une augmentation d’au moins 0,5% du PIB chaque année au cours des deux prochaines années ; les recettes publiques, hors dons, devraient en conséquence passer de 14,8% du PIB en 2022 à 17% en 2025.
Ainsi, le déficit budgétaire devrait poursuivre sa tendance baissière, s’établissant à 4% du PIB en 2024, puis à 3% en 2025, conformément à la norme de l’UEMOA.
S’agissant de la perspective rattachée à cette notation, elle est passée de « positive » à « stable » en raison « des risques de crédit potentiels découlant de la montée des tensions politiques en Afrique de l’Ouest ainsi que de la réapparition possible des tensions politiques intérieures avant la prochaine élection présidentielle de 2025 ».
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Dans la même veine, la dette publique devrait passer baisser de 56,8% du PIB en 2022 à 50% du PIB d’ici 2030.
Dans ce contexte, Moody’s a salué la gestion proactive du profil d’échéance de la dette par les autorités ivoiriennes, illustrée à travers la récente émission d’eurobonds, dont une partie a été affectée au règlement de dettes extérieures et de prêts commerciaux existants, ce qui a permis d’améliorer le profil de maturité de la dette.
Implications économiques
La révision à la hausse de la cote de crédit du gouvernement ivoirien par Moody’s ouvre de nouvelles perspectives prometteuses pour le pays.
Cette amélioration pourrait potentiellement stimuler les investissements directs étrangers (IDE), réduire les coûts d’emprunt et faciliter un accès accru aux marchés de capitaux internationaux.
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Ce changement positif est susceptible d’avoir un impact régional, établissant ainsi un précédent en matière de réforme économique et de résilience pour l’Afrique de l’Ouest dans son ensemble.
Cependant, cela met également en évidence l’importance de maintenir des politiques économiques solides et de favoriser un environnement propice aux investisseurs locaux et internationaux.
Au-delà d’une simple reconnaissance des succès passés, cette amélioration de la qualité de crédit représente un indicateur prospectif du potentiel économique de la Côte d’Ivoire.
Dr Ange Ponou
Publié le 03/03/24 11:19