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POLITIQUE – Demande récurrente de libération : Pourquoi Dogbo Blé et Séka Séka ne peuvent pas être libérés.
POLITIQUE - Demande récurrente de libération : Pourquoi Dogbo Blé et Séka Séka ne peuvent pas être libérés.

POLITIQUE – Demande récurrente de libération : Pourquoi Dogbo Blé et Séka Séka ne peuvent pas être libérés.

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Pendant le procès, les éléments de Dogbo Blé ont reconnu avoir extrait Guei de la cathédrale pour le remettre à leur chef qui l'a ensuite remis à Anselme Séka Yapo (ph : DR)
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Bien qu'il soit à la retraite, le Colonel-major à la retraite, Adama Dosso a été exécuté par les hommes de Dogbo Blé (ph : DR)
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Robert Gueï, son épouse et sa garde rapprochée ont été froidement abattus par les hommes de Dogbo Blé et Anselme Séka Yapo (photo d'archives)
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Dogbo Blé Bruno (en costume) et Anselme Séka Yapo (chemise bleue) n'ont éprouvé aucun remord, ni regret pendant le procès.

POLITIQUE - Demande récurrente de libération : Pourquoi Dogbo Blé et Séka Séka ne peuvent pas être libérés.

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Dogbo Blé Bruno (en costume) et Anselme Séka Yapo (chemise bleue) n’ont éprouvé aucun remord, ni regret pendant le procès
Suite à la libération des 46 soldats ivoiriens que détenait en otage la junte militaire malienne, le porte-parole du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (Ppa-Ci), Katinan Koné Justin, a animé une tribune, le 12 janvier 2023. Il a interpelé, au cours de cette tribune, le Chef d’Etat-Major Général des Armées (Cemga), Gal Lassina Doumbia, sur le cas des militaires ivoiriens condamnés en Côte d’Ivoire pour des crimes de sang.

« Pendant cette crise, nous avons vu l’engagement des autorités militaires auprès des soldats détenus au Mali.

Le chef de l’Etat a d’ailleurs salué le CEMA pour tous les efforts déployés pour obtenir la libération desdits soldats.

Le Ppa-CI salue aussi l’esprit de corps que les autorités militaires ivoiriennes ont manifesté à l’égard des soldats en difficulté.

Le PPA-CI rappelle cependant au CEMA que certains de ses frères d’armes sont en prison depuis 2011 et d’autres sont en exil. Ils ont combattu ensemble sur le champ d’honneur« , a déclaré Katinan Koné.

Qui poursuit : « Eux aussi ont besoin de la solidarité agissante entre frères d’armes. Le Ppa-CI demande au CEMA de s’engager aussi avec la même détermination, au nom de la fraternité d’armes, pour l’élargissement des militaires en prison du fait de guerre et le retour de ceux qui sont en Exil. (…)

S’il (le président Ouattara) émet des doutes sur la pertinence du jugement rendu par les autorités judiciaires maliennes dans l’affaire des 49 soldats ivoiriens, il peut bien comprendre que des doutes puissent exister sur la culpabilité des militaires condamnés par la justice ivoirienne dans la crise de 2011.

Le bon sens lui recommande de les libérer. Le Ppa-CI en appelle donc à son bon sens« . Katinan Koné Justin serait de mauvaise foi qu’il ne s’y prendrait pas autrement.

Il est bon de lui rappeler les circonstances de la condamnation des militaires dont il parle, notamment Dogbo Blé Bruno, ex-commandant de la Garde républicaine et Anselme Seka Yapo, ex-aide de camp de l’ancienne Première dame, Simone Ehivet Gbagbo.

Qu’on ne s’y méprenne, Dogbo Blé Bruno et Anselme Séka Yapo dit Séka Séka n’ont pas été condamnés dans le cadre de la crise post-électorale.

Ils ont été jugés et condamnés, d’une part pour l’assassinat de l’ex-chef de la junte militaire ivoirienne, le Général Robert Gueï, sa garde rapprochée et son épouse, et d’autre part, pour l’assassinat du Colonel Major à la retraite, Adama Dosso.

 

Le 19 septembre 2002 : un crime sans commune mesure 

Robert Gueï, son épouse et sa garde rapprochée ont été froidement abattus par les hommes de Dogbo Blé et Anselme Séka Yapo (photo d’archives) 

Dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, les populations ivoiriennes ont été réveillées par des tirs d’armes automatiques à Abidjan et dans plusieurs localités dans le pays profond.

En début d’après-midi, le corps sans vie du Général Gueï, de plusieurs membres de sa garde rapprochée ainsi que celui de son épouse furent découverts.

Ces découvertes macabres avaient été précédées par la déclaration, sur RFI, dans la matinée du 19 septembre 2002, du président du Front populaire ivoirienne (Fpi), Pascal Affi N’guessan.

Celui-ci indiquait, en effet, que le Général Gueï était en mouvement pour « prendre » la télévision nationale. Sous-entendu qu’il était l’instigateur d’un coup d’Etat en cours. Le 2 janvier 2004, soit 2 ans après, le Cardinal Bernard Agré annonçait que le Général Guei a plutôt été extrait de l’église catholique Saint Paul du Plateau alors qu’il y avait trouvé refuge, le 19 septembre 2002.

De quoi remettre en cause la version officielle servie par le pouvoir de Laurent Gbagbo pour justifier sa mort.

Dès lors, les interrogations fusent.

Qui a extrait l’ex-chef d’Etat de la cathédrale ?

Qui l’a tué et avec lui, sa garde rapprochée et son épouse ? T

outes ces interrogations auront une réponse en février 2016.

Le procès de la vérité

Pendant le procès, les éléments de Dogbo Blé ont reconnu avoir extrait Guei de la cathédrale pour le remettre à leur chef qui l’a ensuite remis à Anselme Séka Yapo (ph : DR) 

Mi-janvier et février 2016. A l’issue d’une enquête menée par le procureur militaire, Dogbo Blé Bruno, Anselme Séka Yapo et 20 autres prévenus ont été jugés et condamnés pour certains. Pendant le procès, tous les prévenus ont reconnu avoir identifié Dogbo Blé Bruno et Anselme Seka Yapo à la cathédrale.

Le 19 septembre 2002 en effet, sur exploitation d’une information, Dogbo Blé Bruno, son adjoint à l’époque des faits et plusieurs éléments de l’unité d’intervention de la Garde républicaine, ont investi la cathédrale Saint Paul du Plateau pour en extraire le Général Gueï qui y avait trouvé refuge.

Une fois pris, le Général Gueï, malgré ses supplications, a été remis à Yapo Séka Anselme pour une destination inconnue.

Après la cathédrale, Dogbo Blé et Anselme Séka Yapo se sont rendus au domicile de Robert Guei pour y arrêter tous ceux qui s’y trouvaient. Devant le portail de la résidence, au Plateau, derrière la Brigade de recherche de la gendarmerie, Rose Doudou, l’épouse de Robert Gueï, a été tuée à bout portant d’une balle dans la tête.

Selon les témoins, le coup de feu a été tiré par Anselme Séka Yapo.

Les membres de la garde rapprochée de Robert Gueï ont été arrêtés, déshabillés et embarqués à bord de véhicules de l’armée.

Plus tard, leurs corps criblés de balles ont été découverts pour certains, à la corniche aux côtés de Robert Gueï et pour d’autres, aux alentours de l’hôtel Sebroko d’Attoubé.

Ceux qui ont extrait le Général Gueï du sous-sol de la cathédrale pour le remettre à Dogbo Blé Bruno ont témoigné pendant le procès.

Malgré tous ces témoignages, Dogbo Blé Bruno a nié les faits, indiquant qu’il dormait le 19 septembre et qu’il n’a pas mis les pieds hors de sa résidence.

Face à la clarté des témoignages de ses propres éléments, Dogbo Blé, Anselme Séka Yapo et Daleba Sery ont été condamnés à la prison à vie, le 18 février 2016.

Six autres prévenus ont été condamnés à 10 ans de prison.

Il s’agit de Gbélé Ory Guy Flavien, Rabé Charles Olivier, Brou Serge Pacome Durand, Fete Kouakou Jean Henri, Kouamé Manezan Severin dit Koff Polo et Niamkey Ekolan Norbert dit Tyson. 13 soldats ont été acquittés.

Quid du cas du colonel-major à la retraite, Adama Dosso 

Bien qu’il soit à la retraite, le Colonel-major à la retraite, Adama Dosso a été exécuté par les hommes de Dogbo Blé (ph : DR) 

Par ailleurs, Dogbo Blé Bruno a été condamné à 15 ans de prison dans l’affaire de l’assassinat du Colonel-major Adama Dosso à la retraite. En effet, pendant le blocus du Golf hôtel en pleine crise post-électorale, le Colonel-major Adama Dosso a été arrêté à un barrage militaire par des éléments de la Garde républicaine avant d’être tué. Les enquêtes menées à cet effet ont permis de connaitre les instigateurs et les complicités de ce crime.

Le 11 octobre 2012, le tribunal militaire condamnait Dogbo Blé Bruno et le commandant Kipré Yagba à 15 ans de détention militaire et à des peines complémentaires prévues par les articles 71, 72, 74 du code pénal.

En clair, Dogbo Blé Bruno et les prévenus condamnés sont déchus de leurs grades conformément aux articles précités.

Ces jugements ont été faits sur la base des plaintes des familles des victimes ou de leurs ayants-droits. Exiger la libération de ces personnes sans tenir compte de la douleur des familles relève d’une injustice flagrante.

La réconciliation ne saurait être un prétexte pour léser ces familles et ayant-droit dont les parents, tués, constituaient, pour la plupart, leurs sources de revenus.

Que dira-t-on à la famille de Robert Gueï et aux enfants de Rose Doudou Guei ?

Que dira-t-on aux enfants de Fabien Coulibaly, de Loua Pascal, Diomandé Bonfils, Karamoko Laman, Koné Mory et Kouadio Kouadio Georges, tous arrêtés et exécutés froidement le 19 septembre 2002 ?

Que dira-t-on à Mme Mireille Dosso, épouse du Colonel-major, Adama Dosso et à leurs enfants Dosso Sinaly Adama, Dosso Alassane Vassaly, Dosso Daouda Karim et Dosso Mafini Saratou ?

Le pardon d’accord, mais la justice d’abord. Dogbo Blé Bruno et Anselme Séka Yapo ont poussé le bouchon trop loin. Ils doivent en payer le prix, quitte à ce que plus tard, les familles de leurs victimes acceptent de leur pardonner. Katinan Koné devrait plutôt entamer des démarches auprès des parents des victimes afin d’obtenir leur pardon.

Tenter de faire des amalgames entre l’affaire des soldats ivoiriens arrêtés au Mali puis relâchés et celle des militaires arrêtés, jugés et condamnés pour des crimes de sang relève tout simplement d’une hérésie.

Yacouba DOUMBIA    Logo Lavenir.ci

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