Rencontre FMI-EUROCHAM : Cap sur la compétitivité et la transformation économique Ivoirienne.
Rencontre FMI-EUROCHAM : Cap sur la compétitivité et la transformation économique Ivoirienne.
Rencontre FMI-EUROCHAM : Cap sur la compétitivité et la transformation économique Ivoirienne.
En visite en Côte d’Ivoire, une délégation du Fonds monétaire international (FMI) a rencontré, le 3 octobre 2024, une importante représentation de la Chambre de commerce européenne en Côte d’Ivoire (EUROCHAM), dirigée par son président, Christian DELMOTTE.
Cette rencontre a mis en lumière des enjeux économiques cruciaux pour l’avenir de la sous-région ouest-africaine, avec un accent particulier sur le climat des affaires en Côte d’Ivoire.
Ce rendez-vous s’inscrit dans le cadre de la 3ème revue du programme de Mécanisme Elargi de Crédit et de la Facilité Elargie de Crédit (MEDC/FEC), ainsi que de la 2ème revue de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD), témoignant de l’engagement du FMI à soutenir la stabilité financière et la croissance dans cette région en plein essor.
La rencontre, conduite par Olaf Unteroberdoerster, chef de mission du FMI, a permis aux acteurs clés d’EUROCHAM et du FMI d’échanger sur divers secteurs stratégiques de l’économie ivoirienne. Christian DELMOTTE a présenté un panorama économique, mettant en lumière les défis et opportunités auxquels les entreprises membres de la Chambre sont confrontées.
La présence d’experts et de représentants de plusieurs industries — de la logistique, au secteur bancaire, en passant par les télécommunications — a enrichi le débat avec des contributions sectorielles variées.
Le cacao : un pilier sous pression
L’un des sujets phares de cette rencontre a été le secteur du cacao, qui représente 15% du PIB ivoirien. Si la hausse des prix sur les marchés internationaux a été saluée, les entreprises locales font face à une problématique majeure : la multiplication des exigences en matière de garanties bancaires, qui risque d’affaiblir les capacités des champions nationaux à acheter et exporter cette matière première clé.
Le FMI et les participants d’EUROCHAM ont échangé sur la nécessité de mettre en place un cadre permettant de renforcer la compétitivité des acteurs locaux tout en préservant la stabilité du secteur.
Logistique : des défis structurels à surmonter
Le secteur de la logistique et du transport a également fait l’objet de discussions approfondies. La baisse des volumes d’importations, notamment en provenance d’Asie, conjuguée à la crise liée à la mer Rouge, a amplifié l’impact sur les prix des produits de première nécessité.
Une inflation préoccupante qui fragilise la chaîne d’approvisionnement. Les efforts gouvernementaux dans le nord du pays pour améliorer l’acheminement des marchandises ont été salués, bien que des incertitudes demeurent quant à l’accès aux marchés des pays de la Communauté des États Sahélo-Sahariens (CEN-SAD).
L’élargissement de la base fiscale comme moyen d’alléger la charge fiscale
Concernant la fiscalité, les membres d’EUROCHAM ont plaidé pour un élargissement de l’assiette fiscale, appelant à une plus grande équité dans le contrôle fiscal, notamment au-delà d’Abidjan.
L’enjeu étant de mieux réguler les activités économiques et d’améliorer la collecte des impôts, en particulier dans le secteur informel qui échappe encore largement à la fiscalité officielle.
De plus, ils ont aussi soutenu que la digitalisation peut améliorer la collecte des impôts en rendant les processus plus rapides, transparents et efficaces.
En numérisant par exemple l’économie, y compris les transactions des entreprises informelles, les autorités fiscales peuvent toucher un plus grand nombre de contribuables, notamment dans le secteur informel, qui échappe encore à la fiscalité traditionnelle.
Les secteurs de l’énergie et de la banque en pleine transformation
Le secteur de l’énergie a montré une croissance soutenue, avec un taux de progression de 8%. Malgré les pressions sur les infrastructures pendant la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), les capacités de production et d’approvisionnement en gaz demeurent des priorités stratégiques pour le développement du secteur.
La question de la digitalisation des banques et des systèmes financiers a également été soulevée.
En Côte d’Ivoire, le secteur bancaire affiche une rentabilité supérieure à celle des autres pays de l’UEMOA.
La digitalisation accrue pourrait non seulement améliorer la collecte des impôts mais aussi permettre une meilleure traçabilité des flux financiers dans le secteur informel.
Rareté des devises pour le règlement des fournisseurs étrangers
Les entreprises membres d’EUROCHAM ont exprimé leur souhait de voir une meilleure fluidité dans les transferts de devises vers l’étranger, une problématique récurrente pour les acteurs économiques opérant dans un contexte international.
Ces limitations entravent parfois les transactions financières, compromettant la compétitivité des entreprises locales sur le marché mondial.
Perspectives économiques prometteuses mais prudentes
Cette rencontre a mis en exergue des perspectives économiques encourageantes, mais également les défis qui doivent être relevés pour assurer une croissance durable en Côte d’Ivoire.
Le FMI et EUROCHAM ont convenu de la nécessité d’une coopération accrue pour soutenir les secteurs clés de l’économie tout en renforçant le climat des affaires.
La mise en place de réformes structurelles, tant au niveau fiscal qu’au niveau des infrastructures, s’avère essentielle pour préserver l’attractivité de la Côte d’Ivoire comme hub économique en Afrique de l’Ouest.
Dr Ange Ponou.