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ADO : naissance d’un mythe ou l’histoire d’une nation meurtrie et d’un homme combatif (Ouattara, Moriba Magassouba, Côte d’Ivoire)
De la Bceao à la primature (Alassane Ouattara)

ADO : naissance d’un mythe ou l’histoire d’une nation meurtrie et d’un homme combatif (Ouattara, Moriba Magassouba, Côte d’Ivoire)

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ADO : naissance d’un mythe ou l’histoire d’une nation meurtrie et d’un homme combatif (Ouattara, Moriba Magassouba, Côte d’Ivoire).

Moriba Magassouba est historien, écrivain et journaliste. A travers son œuvre littéraire « Alassane Ouattara, La passion du devoir » dont le tome 1 « ADO : naissance d’un mythe » sorti en octobre 2020, retrace le parcours « exceptionnel » du président Alassane Ouattara qu’il qualifie de combatif et dont la passion du devoir a fait de lui un homme débout face aux tempêtes, vicissitudes et autres frondes qu’elles viennent de l’intérieur comme de l’extérieur.

Afrikipresse vous proposera dans une série de publications toutes les bonnes feuilles du livre qui revient sur l’histoire d’une nation meurtrie, la Côte d’Ivoire et celle d’un homme qui a désormais l’autorité de l’expérience, Alassane Ouattara.

Certaines vérités ne sont pas bonnes à dire, nous dit l’adage. Mais peut-on cacher le soleil avec la main ? S’interroge un autre adage. Entre objectivité et passion, le faussé est grand. Mais pour l’ivoirien Moriba Magassouba, convoquer le passé et l’histoire d’un homme confondus avec l’histoire d’une nation en quête d’émergence depuis son premier président feu Félix Houphouët-Boigny, est un devoir purement intellectuel loin des avis partisans d’un militant de parti politique. Dans cette première partie de notre décryptage, nous vous proposons ce qu’il faut retenir de l’introduction riche de 34 pages.

La première bonne feuille : sur l’introduction

Comme pour prévenir de ce qui va suivre, l’auteur débute son pamphlet par un commentaire de l’ancien ministre de la culture Bernard Zadi Zaourou, homme de gauche pour avoir été l’un des acteurs du multipartisme avec Laurent Gbagbo dans les années 90.
Bernard Zadi Zaourou, alors qu’il était ministre dans le gouvernement d’Henri Konan Bédié (93-99) n’a pas manqué d’éloge en faveur d’Alassane Ouattara qu’il compare à un « fromager ».

« S’agissant d’Alassane Ouattara, je considère que cet homme a un courage dont je n’aurais jamais été capable. Quelqu’un ne peut pas avoir pris tant de coups, avoir subi tant de haine, avoir été harcelé de cette façon, avoir été humilié de la sorte, et tenir encore débout, dressé face aux adversités et aux ennemis ! Il faut reconnaitre aux gens ce qu’ils sont. Alassane, pour moi est un fromager. Un homme qui a de telles performances a forcément les moyens de tenir un pays. Parce que tenir un pays, c’est aussi être capable de rester debout face aux tempêtes. Devant les magouilles des grandes puissances, les pressions extérieures et crises qui éclatent à l’intérieur, les frondes extérieures, il faut que le leader soit debout. Car s’il baisse les bras, le pays plie l’échine » dixit, Bernard Zadi Zaourou. Malheureusement celui-ci mourra le 20 mars 2012, soit un an après l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara en avril 2011.

Du titre du livre « Alassane Ouattara : La passion du devoir », l’auteur toujours dans son intro revient sur la décision courageuse prise par le président ivoirien, alors qu’il avait annoncé son retrait le 5 mars 2020 de la scène politique, de briguer un autre mandat, suite au décès brutal de son dauphin politique, Amadou Gon Coulibaly.

Là encore comme un « fromager », Alassane Ouattara a essuyé tous les courroux de l’opposition sans jamais plier l’échine, car il l’a dit lui-même, « après avoir pris le temps de la réflexion, je suis arrivé à la conclusion que je n’avais pas le droit de mettre mes projets personnels au-dessus de la situation d’urgence dans laquelle se trouve mon pays. C’est pourquoi, en mon âme et conscience et par devoir citoyen, j’ai décidé de répondre favorablement à votre appel. J’assume la lourde décision d’être le candidat de notre grand parti, le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) ». C’était le 22 août 2020 devant près d’un million de personnes au stade Félix Houphouët-Boigny lors de la cérémonie d’investiture.

Une annonce qui en rajoute à celle faite le 6 août 2020, veille de la célébration de la fête nationale où pour la première fois, il décide de remplier par « devoir et dans l’intérêt supérieur de la nation ».

Un pari risqué car soit Alassane Ouattara remontait sur le pont comme un capitaine qui refuse d’abandonner son navire pour le sauver de la noyade soit, il sortait de la scène politique par la « petite porte » s’il perd les élections présidentielles du 31 octobre à venir.

Mais alors que l’opposition ivoirienne avait là une occasion de le pousser hors du champs politique, désorganisée et prise de panique, elle ira d’erreur en erreur en affichant son immaturité politique. La seule réponse fut la violence qui malheureusement fera 85 morts et de nombreux dégâts matériels.

Finalement le débat sur le 3eme mandat, seul argument brandit par elle « opposition » ne prospérera guère et Alassane Ouattara sera réélu pour un nouveau mandat de cinq ans le 31 octobre 2020 même si le livre édité en octobre ne le mentionne pas.

Mais ne perdons pas de vue l’essentiel du livre : celui de retracer le parcours exceptionnel du président Alassane Ouattara, depuis sa tendre enfance jusqu’à son avènement à la magistrature suprême.

Intitulé « le deuxième miracle économique ivoirien » la troisième partie de l’introduction du livre revient sur la transformation structurelle et les performances économiques de la Côte d’Ivoire sous le règne d’Alassane Ouattara.

« Tout commence ce 6 mai 2011 lorsqu’il prête serment (…) Alassane Ouattara, vainqueur incontestable de l’élection présidentielle des 31 octobre et 28 novembre 2010, se voyait ainsi rétabli dans ses droits par la même juridiction qui le 6 décembre 2010 l’avait déclaré perdant face à Laurent Gbagbo » écrit l’auteur en substance.

Mais alors qu’il sort de 18 années (93 à 2011) d’une lutte contre l’exclusion, la xénophobie, l’intolérance, l’arbitraire et l’ivoirité avec pour point culminant la crise post-électorale de 2011 qui a fait 3000 morts, le président Alassane Ouattara a accompli des miracles.

« Ouattara a restauré tous les servies de bases (eau, électricité, éducation, santé), remis l’administration sur pied, ramené la sécurité, restauré l’autorité de l’état et renforcer les piliers de la république en créant des institutions fortes mais également en relançant la machine économique. Ce qui lui a valu la confiance des ivoiriens par sa brillante réélection en octobre 2015.

Aussi malgré les tiraillements au sein de la majorité présidentielle (RHDP) avec la sortie du président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara a su maintenir le cap de la croissance économique. La relance d’un cycle soutenu de développement et de réformes, après 20 ans de stagnation, de division et de violence (2011-2020) a permis au pays d’approcher pour la première fois le taux de croissance de 10% par an et doubler le PIB global avec un pic de 10,1% en 2012 » rappelle, Moriba.

Au soutien de cette assertion, l’auteur nous remet au gout toutes les réformes sectorielles qui ont permis de booster cette croissance qui devrait si la Covid19 n’avait pas existé, se stabiliser autour de 7,2% en 2020, le tout corroboré par l’admission de la Côte d’Ivoire au MCC (Millenium Challenge Corporation) et à l’Agoa. Il s’agit entre autres réformes, du programme présidentiel d’urgence (PPU), des programmes nationaux d’investissements agricole (PNIA), des plans nationaux de développement (PND), du programme social du gouvernent (PS Gouv), la réformes du secteur minier avec le nouveau code minier, de la réforme foncière avec la création de l’agence foncière rurale (Afor), la nouvelle politique industrielle avec la transformation de certaines matières premières etc...

« Le BTP, qui fait l’objet de grands programmes d’investissement afin de développer les infrastructures (routes et voiries, ports, aéroports, Ntic, hydraulique), les logements sociaux et économiques, l’électricité, contribue également à la croissance économique qu’il s’agit aujourd’hui de revigorer » écrit l’auteur.

« La Côte d’Ivoire est passée d’un taux de pauvreté de 55,1% en 2011 à 39,4% en 2018. Au total, ce sont environ 1,6 millions de personnes qui ont été sorties de la pauvreté au cours de cette période » ajoute-t-il.

« ADO » : la naissance d’un mythe, le tome 1 d’un ouvrage (de 345 pages subdivisées en 24 chapitres et 34 pages d’introduction) intitulé Alassane Ouattara : la passion du devoir, n’est pas selon Moriba Magassouba, une biographie au sens propre du terme mais plutôt l’histoire d’un homme exceptionnel que le destin a conduit, à son corps défendant, dans le monde un peu rude qu’est la politique.

« C’est aussi l’histoire d’une nation meurtrie qui certainement pour la première fois s’engage dans une ère de réelle démocratie, de progrès et de paix et l’histoire d’un homme qui a désormais l’autorité de l’expérience et qui, depuis la Côte d’Ivoire aux nouvelles frontières du développement et de la prospérité, de réconcilier son peuple avec lui-même et avec les autres nations, en menant à bon port le vaste chantier de réconciliation nationale, et suscitant au besoin une véritable catharsis nationale d’où émergera un Ivoirien nouveau » conclu l’auteur sur cette première partie du livre.

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Côte d’Ivoire : de la Bceao à la primature (Alassane Ouattara, Moriba, livre).

Retourné au FMI en octobre 1984 après avoir passé 11 ans (72-83) à la Bceao (directeur des études, conseiller spécial, vice-gouverneur), Alassane Ouattara est à nouveau sollicité en octobre 1988, par les chefs d’état de l’institution sous-régionale, avec Félix Houphouët-Boigny en tête pour redresser les finances d’une banque en rupture de liquidité auprès du Trésor français où elle déposait ses réserves de change, du fait de la dérive financière des chefs d’état membres de l’UEMOA.

Nommé officiellement gouverneur en novembre 1988 après la mort de son compatriote ivoirien, Abdoulaye Fadiga, Ouattara deviendra le 7 novembre 1990, le tout 1er premier ministre de la Côte d’ivoire indépendante.

Appelé au chevet de la Bceao plongée dans une situation comateuse, Alassane Ouattara qui connait bien la maison fera d’abord face à l’arrogance de certains chefs d’état qui jusque-là avaient la mainmise sur leur leurs banques centrales respectives.

« Alors que la Bceao était au bord du chaos, les chefs d’Etat de l’union, réunis à Cotonou en août 1988, décident de doubler le plafond alloué au bénin afin de permettre à son gouvernement de payer les fonctionnaires. Cette décision n’est pas du goût du nouveau gouverneur qui dès son installation en novembre 1988 le signifie aux chefs d’Etat. Au point d’avoir des démêlés avec certains d’entre eux. Il ira même à un moment donné jusqu’à menacer de démissionner si on ne lui laissait pas les mains libres » écrit Moriba Magassouba dans le chapitre III de son livre « Alassane Ouattara, la passion du devoir » paru en octobre 2020.

« Le gouverneur Ouattara au secours du « vieux » le titre dudit chapitre montre comment l’économiste chevronné du FMI et qui retourne dans une institution (Bceao) après y avoir passé onze années, a contribué à la redresser avec brio et rigueur. Une rigueur qui fera de lui le dauphin du « vieux ». Ainsi c’est par la rigueur au travail et la conscience professionnelle qu’Alassane Ouattara entre en politique et devient le N°2 du parti-état, l’unique formation politique de l’époque, le PDCI-RDA.

Comment Ouattara a sauvé la Bceao

Face à la dérive et gabegie financières des chefs d’Etat de l’UEMOA, Alassane Ouattara proposera deux options : l’ajustement économique en réduisant de manière drastique les dépenses des Etats ou en procédant à la dévaluation du Fcfa.

Finalement la seconde option fut adoptée.

Ouattara au chevet du « vieux » à Abidjan confronté à une fronde sociale

« En franchissant le lourd portail de la présidence, ce samedi 17 février 1990, aux environs de 13heures, Alassane Ouattara est frappé par l’impression du vide qui plane sur les lieux (…) La décision du chef de l’Etat de faire appliquer le plan Moïse Koumoué Koffi, ministre de l’économie et des Finances d’alors, qui prévoyait la diminution des salaires compensée par l’abaissement des prix des denrées avait mis le feu aux poudres (…) La Côte d’ivoire au bord du chaos, la situation est pratiquement insurrectionnelle. La contestation a gagné la rue. Marches des travailleurs, des étudiants et des chômeurs se multiplient. Houphouët est décrié. Les manifestants n’hésitent pas à l’appeler voleur ou encore d’Ali Baba et les 40 voleurs. Un tract du Syndicat national de la recherche et de l’enseignement supérieur (SYNARES), fondé par Laurent Gbagbo dresse la liste de plusieurs milliardaires et exige le retour du multipartisme » écrit en substance l’auteur.

Devenu médiateur entre Abidjan et les institutions de Breton Wood, Alassane Ouattara, tout en gardant son poste de gouverneur de la Bceao, est contacté fin mars 1990 par Charles Konan Banny, alors directeur général de la Bceao.

Houphouët a l’intention à ce moment là de nommer Ouattara Premier Ministre.

Une offre que ce dernier refusera.

Dans sa réflexion, Alassane Ouattara lui propose en retour la création d’un comité interministériel qu’il met en place le 16 avril 1990.

Ce comité est chargé de sortir le pays de la grave crise économique, financière et sociale.

« Il s’agit de suspendre la mise en œuvre des mesures annoncées sous Koumoué Koffi, de renforcer le programme d’ajustement structurel en lui donnant une meilleure base pour la croissance économique » poursuit l’auteur.

Dans les coulisses, Alassane Ouattara est présenté par Houphouët comme le meilleur économiste africain.

Après six mois d’activité à la tête du comité, (avril-octobre 1990) Ouattara est appelé à faire le bilan lors du neuvième congrès du PDCI à Yamoussoukro du 1er au 5 octobre 1990.

C’est l’entrée d’Alassane Ouattara en politique. En l’absence du vieux, c’est l’économiste devenu politicien par la force des choses qui va présider certaines séances du congrès.

Ayant obtenu le multipartisme fin mars-début avril 1990, l’opposition conduite par Laurent Gbagbo se présente aux élections présidentielles du 27 octobre 1990.

Après la modification de la Constitution au lendemain de ces élections qui a vu la victoire du « vieux » alors âgé de 85 ans face à Laurent Gbagbo (27% des suffrages), un poste de Premier Ministre est créé. Alassane Ouattara est nommé officiellement le 7 novembre 1990, le tout 1er Premier Ministre et l’unique du premier président de la Côte d’Ivoire indépendante, Félix Houphouët-Boigny. Contrairement aux gouvernements précédents de 40 membres, Ouattara forme le 30 novembre 1990 un commando de 20 ministres. Avec pour entre autres objectifs, l’assainissement de l’administration ivoirienne.

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Moriba Magassouba, journaliste historien et écrivain collaborateur du bimensuel Demain l'Afrique.

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Alassane Ouattara « la passion du devoir » de l’historien journaliste Magassouba Moriba

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