Le régulateur du secteur du cacao en Côte d’Ivoire n’autorisera pas les broyeurs de fèves à accumuler des stocks au-delà des limites autorisées pendant la récolte principale d’octobre à mars afin de garantir un accès équitable dans un contexte de crainte d’une pénurie d’approvisionnement.

Les prix à terme du cacao ont atteint des niveaux records en raison des prévisions d’une baisse de la production, notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana, les deux principaux producteurs mondiaux qui représentent plus de 70 % de la production mondiale.

La principale récolte de Côte d’Ivoire devrait chuter d’environ 25 % cette saison par rapport à la campagne précédente en raison du mauvais temps.

Les exportateurs de cacao et les broyeurs de grains de Côte d’Ivoire disposent chaque année d’une limite d’achat conforme à leurs contrats d’exportation.

Mais le régulateur – le Coffee and Cocoa Council (CCC) – accorde une exemption aux moulins afin qu’ils puissent stocker suffisamment de grains pour couvrir 45 jours d’opérations de mouture.

Cela leur donne un avantage sur les autres commerçants, garantissant un approvisionnement constant en fèves pour maintenir leurs opérations sans interruption.

Mais étant donné le contexte actuel, l’exonération sera injuste pour les exportateurs qui auront du mal à accéder aux volumes nécessaires pour remplir leurs contrats d’exportation, a déclaré vendredi à Reuters Yves Brahima Koné, directeur général de la CCC.

« Nous n’autoriserons pas les transformateurs de fèves à acheter au-delà de la limite d’achat cette année, car tout le monde ne pourra peut-être pas obtenir le cacao dont il a besoin », a déclaré Kone.

« Nous sommes obligés de prendre cette décision difficile. Il n’y aura pas assez de cacao pour tout le monde », a-t-il ajouté.

Les broyeurs craignent que, sans la possibilité de stocker des fèves , ils n’en aient pas assez pour moudre et couvrir leurs propres contrats d’exportation.

Certains broyeurs ivoiriens ont déclaré à Reuters que cette décision affecterait leur production. Ils fonctionnaient à pleine capacité au cours des deux dernières saisons alors que la mouture du cacao diminuait en Europe en raison des coûts d’exploitation.

Les broyeurs de grains européens ont réduit leur capacité de broyage et ont demandé à leurs succursales en Côte d’Ivoire d’augmenter considérablement les volumes mensuels de broyage pour compenser.

En conséquence, la moyenne mensuelle de la mouture de cacao ivoirienne a augmenté régulièrement et a atteint près de 60 000 tonnes par mois en septembre, contre environ 45 000 tonnes en 2019/2020, selon les données de l’association des exportateurs ivoiriens GEPEX.

Cette association comprend de grands transformateurs de fèves tels que Cargill CARG.UL, CEMOI, OLAM OLAG.SI et Barry Callebaut BARN.S.

« Avec la crise du gaz et de l’électricité en Europe, il est devenu beaucoup plus rentable de moudre localement le cacao en Côte d’Ivoire, ce qui nous a amené à accélérer le rythme ici depuis 2021 », a déclaré un directeur de l’usine de broyage de San-Pedro, qui a demandé l’anonymat pour parler franchement.

La Côte d’Ivoire dispose d’une capacité totale de broyage de 712 000 tonnes.

Il rivalise avec les Pays-Bas pour la place de premier broyeur mondial.

Au cours des deux dernières années, la broyage en Côte d’Ivoire a atteint des niveaux records, avec un record de plus de 700 000 tonnes atteint la saison dernière.

« Nos stocks se reconstituent très lentement, et si nous ne pouvons pas acheter au-delà des limites autorisées, ce sera catastrophique pour tous les broyeurs de fèves « , a déclaré un responsable d’une autre usine de transformation.