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Front social : ce qui se cache derrière la grogne.
Front social : ce qui se cache derrière la grogne.

Front social : ce qui se cache derrière la grogne.

greve
Front social : ce qui se cache derrière la grogne.

Front social : ce qui se cache derrière la grogne.

Depuis la grève des enseignants, pour réclamer la prime d’incitation, on s’interroge sur les vrais raisons de ce mouvement.

 

Menée du mardi 15 au jeudi 17 octobre dernier, la grève du collectif des syndicats du ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation, pour réclamer les primes d’incitation, a plutôt fragilisé les faitières.

D’abord sur le plan interne.

La Coalition des syndicats du secteur santé (Coalisanté) qui avait rejoint le rang des mécontents, pour demander la revalorisation de l’indice référentiel de base, a fini par quitter la lutte, dès le premier jour.

Des structures importantes comme le Mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits (Midd), ont refusé de prendre part au mouvement.

Et pour ce qui est des rapports avec le gouvernement, la confiance a pris un coup. Alors, pourquoi cet arrêt de travail, si la conclusion n’est pas des plus reluisantes ?

Mugefci

Selon Tapé Djédjé Appolinaire, secrétaire général de la Confédération des syndicats des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (Cosyfo-CI), c’est une bataille de leadership qui a guidé cette grève.

« Nous savons tous qu’il y a les élections de la Mutuelle générale des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (Mugefci) qui arrivent en novembre 2025. Jusqu’à ce que cette date arrive, le front social sera bouillonnant.

Parce que chacun tentera de montrer sa force de frappe ; de montrer qu’il sait mobiliser, afin de se faire élire à la tête de la Mugefci », indique M. Tapé. Pour l’instant, c’est le camarade Gnogbo Paul, secrétaire général du Midd qui tient encore la barre de la très puissante mutuelle.

Et on sait que le Midd ne faisait pas partie des initiateurs de la grève.

Au dire de Tapé Appolinaire, c’est le signe que Gnogbo Paul n’a pas l’intention de donner de la crédibilité à ses futurs adversaires.

Successeur

Parce qu’ils sont les fonctionnaires les plus nombreux.

Or, cette bataille pour les primes est d’abord une histoire d’instituteurs.

Il y a plusieurs clans qui commencent à se dégager à ce niveau, depuis le début de la grève », souligne Jérôme Ourizalé, secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du primaire public de Côte d’Ivoire (Saeppci).

Si le groupe des manifestants l’emporte, ils pourront dire que c’est grâce à eux que les instituteurs ont obtenu leurs primes d’incitation.

Une grande victoire qui pourrait être synonyme de sésame à la Mugefci.

Mais, pour ce premier rond, des syndicats comme le Midd, ou la Coordination des syndicats du secteur santé (Coordisanté), ont au contraire démontré que tant qu’ils ne prennent pas part à une grève, elle ne peut être menée totalement sur toute l’étendue du territoire.

Une victoire pour eux.

On peut donc gagner sans agir. Sylla Vazoumana, le porte-parole de la Coordisanté, qui est partie prenante dans le comité consultatif (cadre de dialogue entre fonctionnaires et gouvernement), note que la bonne volonté du gouvernement fait aussi partie des facteurs qui ont milité contre la réussite totale de la grève.

Interrogé sur la question, Bli Blé David, porte-parole du collectif des syndicats du ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation, attaque ses détracteurs.

« Ceux qui nous accusent de mener la grève pour des visées électoralistes à la tête de la Mugefci, ne savent pas de quoi ils parlent.

Nous défendons les droits des enseignants qui se sacrifient tous les jours. La prime d’incitation est quelque chose qui leur revient de droit.

On ne peut pas nous accuser de la réclamer », a signalé Bli Blé David, ce mardi, à Nordsud.info.

Quoi qu’il en soit, dit-il, ils ont montré leur mécontentement et sont prêts à retourner à la table de négociation.

Troubles

Dernière cette révolte, se cache aussi, un opportunisme marqué chez les enseignants. La période électorale approchant, selon un proche collaborateur de la ministre d’Etat, ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l’administration, certains veulent faire pression sur le gouvernement.

«  Si l’Etat veut éviter des troubles, alors il se pliera à leurs revendications. Mais nous avons signé la trêve sociale, pour prendre en compte leurs doléances.

Et le dialogue n’a jamais été rompu. Il n’y a que les impatients qui ont fait la grève. La plupart des syndicats importants sont à la table de discussion et ne l’ont jamais quittée.

Si vous voulez faire pression sur l’Etat, il faut s’assurer d’avoir raison, sinon les gens ne vous suivront pas », indique notre interlocuteur.

Les syndicats ne l’avouent pas, mais des accusations de manipulation politique pèsent également sur eux. Hélas, cela a toujours été le cas pour les syndicats, d’après Gnagna Zadi Théodore, président de la Centrale Plateforme nationale des organisations professionnelles du secteur public et privé.

Bien qu’il ait été contre cette grève, Gnagna Zadi défend ses camarades sur ce point.

« Chaque fois que des syndicats manifestent, on dit qu’il sont manipulés par l’opposition. Cela ne date pas d’aujourd’hui et ça ne s’arrêtera pas avec cette grève », fait-il savoir.

Le comité consultatif reprend ses discussions le 28 octobre prochain. Jusque-là, il n’a pas encore fait appel aux mécontents pour qu’ils rejoignent la table de négociation. Le fera-t-il d’ailleurs? À suivre…

Raphaël Tanoh.            nordsud.info

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