Lancée pour la première fois en 1957, la Coupe d’Afrique des nations (CAN) fut pendant longtemps une compétition suscitant peu d’intérêt sur la scène mondiale de la planète foot.

Cependant, depuis la qualification du Maroc en demi-finale lors de la dernière Coupe du monde au Qatar notamment, l’attention portée au football africain soulève aujourd’hui un engouement qui dépasse le cadre des frontières continentales et des cercles de spécialistes avisés en attirant un nombre toujours plus grand de curieux, au point que la CAN se positionne, doucement mais sûrement, comme un tournoi important qui rassemble des centaines de millions de fans à travers le monde et représente un poids économique non négligeable aujourd’hui. Analyse.

Des accords en hausse

Au niveau des sponsors, rien qu’en 2023, mentionne un rapport de l’Africa Sports Unified (ASU), « la CAF a annoncé une liste de douze nouveaux partenaires.

Parmi les soutiens historiques de la CAF, TotalEnergies, la société française de l’énergie et du pétrole, est le sponsor titre officiel de la CAF dans le cadre d’un contrat de huit ans signé en 2016 pour un montant déclaré de 250 millions de dollars. Sans compter 1XBet, la société de paris russe, partenaire depuis 2019, qui a signé un accord sur dix ans d’une valeur de 65,4 millions de dollars (60 millions d’euros) ».

À cela se sont ajoutés l’an dernier des géants comme Unilever, voire Visa qui n’ont pas rechigné à trouver un terrain d’entente avec l’organisation sportive panafricaine.

Des millions de fans touchés

Ainsi, révèle Gabriel Ajala de l’ASU, « la CAN 2021 a été diffusée dans 157 pays.

Depuis lors, dans le cadre d’un accord majeur d’une valeur estimée entre 75 et 80 millions de dollars, New World TV, la société de radiodiffusion togolaise, a acquis les droits exclusifs de diffusion des compétitions de la CAN dans 46 pays d’Afrique subsaharienne.

Au total, la CAN en Côte d’Ivoire sera retransmise dans environ 180 pays ».

De quoi permettre, avec le concours des réseaux sociaux, de toucher des millions de personnes à travers la planète et de promouvoir le football africain auprès d’un large public.

« Bien qu’il soit difficile de prédire ou d’anticiper avec précision le nombre attendu de personnes qui assisteront aux matchs lors de la CAN 2023, explique l’expert sportif, la CAF prévoit qu’elle sera regardée par plus de 800 millions de personnes dans le monde, soit une augmentation de plus de 50 % par rapport à la CAF organisée au Cameroun en 2021, qui avait touché plus de 500 millions de personnes. » Un record d’audience, ajoute-t-il, « où plus de 1,4 milliard d’impressions en streaming sur des sites numériques ont été enregistrées et 351,4 millions de vidéos mises en ligne portant sur le tournoi ».

 

Investissements massifs pour le pays hôte

Conscients de l’opportunité de visibilité offerte par la CAN, les États hôtes ne lésinent plus sur les moyens pour l’organisation de cette compétition, en faisant de leur pays de véritables chantiers à ciel ouvert.

Dans le cadre de la Côte d’Ivoire, par exemple, où les autorités ont érigé de nouvelles routes, modernisé leurs parcs hôteliers, voire mis sur pied de nouveaux centres sportifs, l’État aurait ainsi mobilisé plus de 1 milliard de dollars d’investissements alors que la terre d’Éburnie « s’attend à recevoir entre 1,5 et 2 millions personnes lors de la CAN », révèle une source proche des structures sportives ivoiriennes.

Autant de financements donc pour une compétition qui dure à peine plus d’un mois et qui soulève une question : ces investissements, qui creusent les dettes du pays hôte, en valent-ils la chandelle ? La balle est dans le camp des organisateurs pour établir les réels bénéfices qui seront tirés de cette nouvelle édition de la CAN.

Par Szymon Jagiello