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Sérgio Pimenta (vice-président régional de la Sfi pour l’Afrique) : “La Côte d’Ivoire est un pays de première importance pour la Sfi”.
Sérgio Pimenta (vice-président régional de la Sfi pour l'Afrique) : “La Côte d’Ivoire est un pays de première importance pour la Sfi”.

Sérgio Pimenta (vice-président régional de la Sfi pour l’Afrique) : “La Côte d’Ivoire est un pays de première importance pour la Sfi”.

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Sérgio Pimenta, vice-président régional de la Sfi pour l'Afrique. (Ph: Dr)

Sérgio Pimenta (vice-président régional de la Sfi pour l'Afrique) : “La Côte d’Ivoire est un pays de première importance pour la Sfi”.

En visite à Abidjan, la semaine dernière, ce haut responsable de la Société financière internationale (institution de la Banque mondiale dédiée au secteur privé) fait le point des programmes en cours et à venir pour accompagner la mise en oeuvre du nouveau Pnd.

Quel était l’objet de votre récente visite en Côte d’Ivoire ?

Je suis très heureux d’être venu en Côte d’Ivoire, et particulièrement à Abidjan dont l’énergie et le dynamisme économique sont stimulants.

Ma visite intervenait à la suite de l’entretien en mars dernier entre notre directeur général, Makhtar Diop, et S.E.M. le Premier ministre, Patrick Achi.
La Côte d’Ivoire est un pays de première importance pour Ifc : le pays compte parmi les plus importants portefeuilles d’Ifc en Afrique subsaharienne francophone et nous y avons de grandes ambitions, notamment dans les secteurs des infrastructures, de l’énergie, de l’agroalimentaire, de la santé, de la finance et du logement abordable.
Accompagné des équipes de direction d’Ifc en Afrique représentant les secteurs des infrastructures, de l’industrie manufacturière, de l’agroalimentaire, des services et des industries financières, j’ai pu faire le point avec nos différents partenaires dans le pays – en particulier le gouvernement ivoirien et les acteurs du secteur privé – sur nos programmes en cours et à venir.

Ces rencontres nous ont permis de voir comment nous pouvons au mieux accompagner la mise en œuvre du nouveau Plan national de développement (Pnd 2021-2025) dont les projets seront majoritairement financés par le secteur privé.

La question du financement des Mpme continue d’être un défi majeur pour le développement du secteur privé en Côte d’Ivoire. Quelles sont les interventions d’Ifc dans ce domaine ?

Les Micro, petites et moyennes entreprises (Mpme) représentent la majorité du tissu économique ivoirien et jouent un rôle primordial dans la dynamique de croissance du pays.

Cependant, la majorité de ces entreprises font face à de difficultés lorsqu’il s’agit d’obtenir des financements.
Pour contribuer à changer la donne, Ifc met à la disposition des institutions financières et des banques commerciales des facilités, y compris des garanties, pouvant aller jusqu’à 50% d’un portefeuille de prêts.
Ces solutions sont accompagnées de programmes d’assistance technique afin d’aider les agents de banques à mieux identifier et maitriser les risques et ainsi à offrir des produits plus adaptés à la réalité des Pme et du pays.
Nous mettons aussi en œuvre d’autres initiatives.
Par exemple, nous avons investi début 2020 dans un programme de titrisation de 40 milliards de FCfa de Nsia Banque, en Côte d’Ivoire.
Il s’agissait alors de la première titrisation de prêts réalisée par une banque commerciale au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et cette opération a permis à Nsia Banque d’accroître ses prêts aux Mpme et d’avoir accès aux marchés financiers locaux ainsi qu’à des sources de financement à long terme. De nombreuses institutions financières en Côte d’Ivoire ont aussi bénéficié de facilités de financement.
À ce jour, le portefeuille d’Ifc dans le secteur financier s’élève à 71 millions de dollars (environ 44 milliards de FCfa), répartis entre sept banques commerciales et deux sociétés de microfinance.

Enfin, plus récemment, nous avons organisé un atelier de travail avec le gouvernement pour discuter de la manière dont Ifc peut contribuer à la mise en œuvre du Guichet unique de développement des entreprises de Côte d’Ivoire (Gude-Ci) qui vise à soutenir le développement des Mpme.

La pandémie de Covid-19 a montré la nécessité de mettre en place des systèmes de santé efficaces et résilients. Que faîtes-vous pour accompagner la Côte d’Ivoire dans ce domaine ?

Effectivement, cette crise sans précédent a montré à quel point il est crucial de renforcer les systèmes de santé en Afrique.

Dans ce domaine, l’un des grands obstacles est la difficulté des petits acteurs de la santé à accéder au financement afin d’acheter les équipements dont ils ont besoin pour assurer une bonne prise en charge des patients.
Face à ce défi, Ifc a créé en avril 2021 le Programme pour l’accès aux équipements médicaux en Afrique (Amef).
Cette plateforme associe des institutions financières en Afrique et à des fabricants d’équipements médicaux dans le monde entier pour aider les petits et moyens prestataires de soins de santé du continent à obtenir des prêts en devise locale pour acquérir ou à louer du matériel de pointe, permettant ainsi d’améliorer la qualité et la fiabilité des soins prodigués.
La Côte d’Ivoire a été l’un des premiers pays où nous avons lancé ce programme, en juillet dernier.
Je suis heureux de pouvoir affirmer qu’à ce stade, 3 nouveaux équipementiers (en plus de Phillips et General Electric, nos partenaires pour le programme en Côte d’Ivoire) ont rejoint le programme et notre institution financière partenaire a reçu plusieurs demandes de financements durant le premier semestre 2022.
En février 2022, un événement de sensibilisation de l’Amef a eu lieu à Abidjan, organisé conjointement avec l’Association des cliniques privées de Côte d’Ivoire (Acpci). Plus de 80 acteurs du secteur de la santé ont répondu présent.
Cet évènement a ensuite été suivi d’une formation approfondie de 2 jours à Abidjan pour les cliniques privées afin d’améliorer les pratiques de planification et d’approvisionnement en matériel médical.

Cette formation a également été menée conjointement avec l’Acpci et a été suivie par 39 professionnels du secteur.

Le secteur privé est au cœur du Pnd 2021-2025. Comment la Sfi compte-t-elle aider la Côte d’Ivoire à renforcer la contribution du secteur privé à l’économie ?

La stratégie et les activités d’Ifc en Côte d’Ivoire sont en phase avec le Pnd 2021-2025 qui accorde une place de premier plan au secteur privé pour accélérer la transformation économique et sociale du pays.

À ce titre, Ifc soutient le développement des secteurs économiques clés pour la Côte d’Ivoire en matière de potentiel de croissance et de création d’emplois.
En mai 2022, le total de nos investissements et services-conseils dans le pays, en incluant les ressources mobilisées auprès d’autres investisseurs, s’élevait à plus de 520 millions de dollars (environ 325 milliards de FCfa) avec des interventions dans l’agroalimentaire, les infrastructures, l’énergie, les services financiers, la santé et le financement des Mpme.
Mais nous voulons aller plus loin. Dirigée par M. Olivier Buyoya, l’équipe d’Ifc en Côte d’Ivoire va continuer à accompagner le secteur privé ivoirien pour qu’il puisse jouer son rôle de moteur de l’économie, et nous allons poursuivre notre collaboration avec le gouvernement afin de soutenir la mise en œuvre du Pnd 2021-2025 et l’amélioration du climat des affaires.
C’est pourquoi nous souhaitons accroitre nos investissements et services-conseils en Côte d’Ivoire, notamment dans les secteurs du logement abordable, de l’agro-industrie et de l’économie numérique.

Nous voulons aussi continuer à soutenir le développement des marchés des capitaux et l’accès des Mpme au financement. Nous souhaitons également continuer à soutenir les chaînes de valeur agricoles pour aider le pays à diversifier sa production au-delà du cacao et renforcer la transformation locale.

Quelles pourraient être les conséquences de la crise en Ukraine sur les entreprises opérant en Afrique et en Côte d’Ivoire en particulier ?

L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février dernier a provoqué une crise militaire, diplomatique et économique qui touche l’ensemble des pays du monde.

La hausse des prix des produits de base – notamment le pétrole et les produits agricoles dont la Russie et, dans une moindre mesure, l’Ukraine, sont de grands exportateurs – et la hausse de l’inflation constituent les premières menaces pour l’Afrique, même si les effets réels vont dépendre de la structure économique de chaque pays.
De plus, si les échanges directs entre la Russie, l’Ukraine et l’Afrique sont limités, le conflit a un impact indirect pour le continent à travers les échanges commerciaux entre l’Afrique et l’Europe.
Cette dernière assure en effet la moitié des importations du continent africain et constitue aussi la moitié des exportations de la Russie. 
Cela signifie que toute perturbation des exportations russes vers l’Europe pourrait ainsi avoir un impact sur les chaînes de valeur en Afrique, déjà mises à rude épreuve du fait de la pandémie de Covid-19, et sur les perspectives de croissance.
Pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, on s’attend à ce que le conflit en Ukraine ait un impact sur le cycle de reprise post-pandémie.
Sous l’effet des politiques budgétaires et monétaires, et d’une demande domestique plus forte qu’attendue, l’économie ivoirienne a fortement rebondi en 2021, avec une croissance du Pib réel estimée à 7%.
Les prévisions tablent actuellement sur une croissance de 5,7% en 2022.
Néanmoins, portées par la reprise des investissements, les perspectives à moyen terme restent globalement positives pour la Côte d’Ivoire. Et, plus que jamais, le pays peut compter sur le soutien d’Ifc et du Groupe de la Banque mondiale pour faire face à cette période d’incertitude.

Valentin Mbougueng

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