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Le gouvernement octroie cinq permis d’exploration aurifère à trois sociétés
Le gouvernement octroie cinq permis d’exploration aurifère à trois sociétés

Le gouvernement octroie cinq permis d’exploration aurifère à trois sociétés

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le gouvernement octroie cinq permis d’exploration aurifère à trois sociétés.

Les possibilités d’accroitre le nombre de gisements d’or en Côte d’Ivoire viennent d’augmenter. Lors du dernier Conseil des ministres, cinq permis d’exploration aurifère valables quatre ans, ont en effet été accordés à Moaye Resources, Mako Côte d’Ivoire et Sika Mineral Resources.

L’Etat ivoirien vient d’octroyer cinq nouveaux permis d’exploration aurifère aux sociétés Moaye Resources, Mako Côte d’Ivoire et Sika Mineral Resources. Les décrets portant attribution de ces autorisations de prospection ont été adoptés en conseil des ministres le 25 novembre.

Dans le détail, la société Moaye Resources a obtenu deux licences, l’une pour des travaux dans le département de Mankono et l’autre valable pour les départements de Daoukro, Bocanda et de Kouassi-Kouassikro. Sika Mineral est également repartie avec deux permis valables pour le département de Téhini. Seule la société Mako s’est vue octroyer une seule licence d’exploration pour la recherche de l’or dans le département de Ouangolodougou.

Notons que ces différents permis d’exploration sont tous valables pour une période de quatre ans. Ils viendront accroitre les chances de découvertes de filons aurifères majeurs dans le pays

Lentement mais sûrement, la Côte d’Ivoire devient un grand producteur d’or en Afrique.

La Côte d’Ivoire travaille depuis plusieurs années pour diversifier son économie en grande partie dépendante de l’agriculture, en particulier du cacao. Pour atteindre son but, l’un des secteurs sur lesquels se concentrent les efforts du gouvernement est le secteur minier. Alors que la grande richesse du sous-sol ivoirien n’est plus à démontrer, une matière première se démarque depuis quelque temps : l’or. Entre la hausse constante de la production et du chiffre d’affaires, l’augmentation progressive des recettes fiscales, ainsi que la multiplication des compagnies étrangères actives dans le secteur, on assiste à un vrai boom de l’or en Côte d’Ivoire. D’autant plus que les cours du métal précieux affolent les compteurs depuis quelques mois…

Les indicateurs d’une croissance fulgurante<i/l>

En mars dernier, Endeavour Mining a fusionné avec le canadien Semafo pour devenir le plus grand producteur d’or d’Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire, où l’entreprise exploite plusieurs mines d’or, est ainsi devenue, avec le Burkina Faso, un des principaux pays hôtes de ce géant mondial de l’or. Tout un symbole qui illustre bien la place qu’occupe désormais le pays dans le cercle des grands producteurs du continent.

A 500 km d’Abidjan, Roxgold développe son projet d’or Séguéla.

Pourtant, la Côte d’Ivoire est partie de bien loin. Il y a quelques années encore, en 2010, avant l’arrivée au pouvoir du régime Ouattara, le pays ne produisait qu’à peine 5,2 tonnes d’or, un volume qui augmente à 12 tonnes en 2011. Depuis, la production aurifère ivoirienne n’a cessé de grimper, d’année en année. En 2013, elle était de 13 tonnes, chiffre amélioré à 20 tonnes en 2014, puis 23,5 tonnes en 2015 et 25 tonnes en 2016. En six ans, la Côte d’Ivoire a quintuplé sa production d’or, et ne s’arrête pas en si bon chemin. Aujourd’hui, le pays éburnéen a passé la barre des 30 tonnes d’or de production industrielle (plus de 32 tonnes en 2019, d’après les chiffres officiels).

En six ans, la Côte d’Ivoire a quintuplé sa production d’or, et ne s’arrête pas en si bon chemin. Aujourd’hui, le pays éburnéen a passé la barre des 30 tonnes d’or de production industrielle.

Et cette croissance s’est évidemment répercutée sur les finances. En 2019, la Côte d’Ivoire a enregistré des revenus de 1 milliard $ (641 milliards FCFA) dans le secteur aurifère, ainsi que des recettes fiscales en hausse en glissement annuel de 43,62 %, à 94,562 milliards FCFA. Autant de belles performances que les autorités ivoiriennes attribuent notamment à l’accroissement de la capacité de production du complexe minier Ity-Daapleu (Ouest ivoirien), au renforcement des mesures de contrôle des exploitations minières, ainsi qu’à la répression de l’orpaillage illicite.

A quoi la Côte d’Ivoire doit-elle son succès sur l’or ?

Comment passe-t-on d’une production d’or de 5 tonnes à 30 tonnes, avec des revenus tout aussi conséquents en moins de 10 ans ? Pour se donner les moyens de ses ambitions pour son secteur minier (dominé par l’or), la Côte d’Ivoire a, dans un premier temps, révisé son code minier. La nouvelle charte minière adoptée en 2014, en remplacement de l’ancienne qui date de 1995, est particulièrement favorable aux investisseurs.

La Côte d’Ivoire réalise désormais plus de 32 tonnes de production annuelle.

Sur le marché minier international, le nouveau code minier ivoirien est très bien vu, en cela qu’il a remporté en décembre 2014 le « prix du meilleur code minier du monde » lors de la conférence Mines and Money de Londres. Mieux, le secteur minier ivoirien est classé comme le plus attractif pour les investisseurs en Afrique par un sondage réalisé en 2016 par Fraser Institute (devant des exemples comme le Botswana et le Ghana).

La recette ? Limiter les superficies des permis d’exploration à 400 km2, comparativement aux 1000 km2 prévus par l’ancien code. Augmenter la durée de validité des permis à une période de 10 ans renouvelable deux fois, parce que certains métaux de base nécessitent des périodes de recherche très longues. Réduire à 60 jours maximum la durée des procédures de délivrance de permis. Accorder aux investisseurs un certain nombre d’exonérations fiscales et douanières dans les phases de recherche et d’exploitation. Voilà autant de réformes qui ont plu aux investisseurs et qui ont permis à la Côte d’Ivoire de dynamiser son activité minière. Fin 2015, soit juste une année après l’adoption de ces réformes, le pays a octroyé 171 permis d’exploration miniers, dont 136 pour l’or, des chiffres qui ont augmenté durant les années qui ont suivi, d’autant plus qu’Abidjan s’est doté en 2017 d’un nouveau système de Cadastre minier totalement informatisé.

Des efforts pour gérer l’orpaillage

S’il y a un phénomène qui mine de manière générale les secteurs miniers en Afrique, c’est bien l’orpaillage clandestin. Très souvent, les volumes de production déclarés par les Etats ne sont pas les données réelles, car une grande partie de l’or est exploité par les orpailleurs qui l’exportent à travers des réseaux de contrebande, faisant perdre aux pays des millions chaque année.

Le pays s’est doté d’un système de traçabilité de l’or artisanal.

Certains pays comme le Soudan (3e producteur d’or d’Afrique) arrivent à plus ou moins contrôler l’exploitation artisanale de l’or et limiter le fléau que représente l’orpaillage clandestin, mais d’autres comme le Mali ont encore beaucoup de mal. D’après un rapport de l’OCDE, sorti en 2018, la production aurifère artisanale et à petite échelle cumulée du Mali, du Burkina Faso et du Niger serait d’environ 50 tonnes par an, la majeure partie étant exportée illégalement.

D’après un rapport de l’OCDE, sorti en 2018, la production aurifère artisanale et à petite échelle cumulée du Mali, du Burkina Faso et du Niger serait d’environ 50 tonnes par an, la majeure partie étant exportée illégalement.

En Côte d’Ivoire, si on ne peut affirmer que la question de l’orpaillage est contrôlée, le gouvernement n’en finit pas avec les efforts dans ce sens. En septembre dernier, par exemple, le pays s’est doté d’un système de traçabilité de l’or artisanal, une initiative menée par un partenariat entre l’organisation IMPACT et l’Union européenne. Le projet dénommé « Or Juste » a permis de suivre un premier lingot d’or de 755 g produit par une coopérative à Dabakala, depuis le site minier vers un raffineur européen.

Le pays peut atteindre son objectif de 50 tonnes en 2025.

« Cette première exportation responsable d’or artisanal représente un tournant décisif pour les Ivoiriens qui pourront désormais compter sur des mécanismes de traçabilité et de diligence au sein de leur chaîne d’approvisionnement », a commenté Joanne Lebert, DG d’Impact.

« Cette première exportation responsable d’or artisanal représente un tournant décisif pour les Ivoiriens qui pourront désormais compter sur des mécanismes de traçabilité et de diligence au sein de leur chaîne d’approvisionnement »

En outre, en juin 2020, la Côte d’Ivoire a ouvert son sixième chantier-école d’artisans miniers, un projet qui vise à dispenser une formation initiale et qualifiante aux jeunes, afin de les doter des compétences nécessaires pour travailler dans le secteur de la petite mine. Ce projet est présenté par Abidjan comme un axe de lutte contre l’orpaillage qui aurait fait perdre à l’Etat un montant de 479,22 milliards FCFA (environ 827,6 millions $) entre 2006 et 2016.

Toujours dans le cadre de cette lutte, le pays a adopté plusieurs mesures qui comprennent l’élaboration de la cartographie des régions les plus touchées, l’implication et la responsabilisation du corps préfectoral, l’organisation d’un séminaire national avec les acteurs concernés, afin de renforcer la sensibilisation des populations. Il faut ajouter la réactivation des comités de veille, le renforcement des initiatives régionales ainsi que la coopération avec certains pays voisins comme le Mali, le Burkina Faso et le Ghana, dont les ressortissants sont impliqués dans cette activité illicite.

Devenir un géant africain de l’or

Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire, forte de ses plus de 32 tonnes de production annuelle, commence déjà par être considérée comme un géant ouest-africain de l’or. Toutefois, la marche est encore très haute pour gagner ce statut à l’échelle continentale. Tout en haut de la liste des plus grands producteurs d’Afrique planent des pays comme le Ghana (156 tonnes en 2019), l’Afrique du Sud (106 tonnes), le Soudan (94 tonnes), le Burkina Faso (50 tonnes), le Mali (48 tonnes) ou encore la Tanzanie.

Tout en haut de la liste des plus grands producteurs d’Afrique planent des pays comme le Ghana (156 tonnes en 2019), l’Afrique du Sud (106 tonnes), le Soudan (94 tonnes), le Burkina Faso (50 tonnes), le Mali (48 tonnes) ou encore la Tanzanie.

Une chose est certaine, dans cette course à qui produit le plus d’or, la Côte d’Ivoire avance sûrement. Si elle a pu compter sur les opérations de grandes compagnies étrangères, en l’occurrence Endeavour, Barrick ou encore Perseus, pour faire évoluer sa production au fil des ans, les nombreux projets en développement devraient lui permettre de poursuivre sa belle croissance.

A moins de 500 km d’Abidjan, Roxgold travaille activement pour développer son projet d’or Séguéla, acquis en février 2019 et qui aurait la capacité de produire 841 000 onces d’or sur plus de 8 ans. Dans le même temps, Perseus, qui exploite déjà en Côte d’Ivoire la mine Sissingué, veut faire entrer en service sa nouvelle mine Yaouré, qui devrait livrer en moyenne 215 000 onces sur ses cinq premières années d’opération. Les autres projets aurifères qui devraient animer l’actualité minière ivoirienne dans les prochaines années comprennent le projet Bagoé, le projet Abujar, ou encore le projet Fetekro.

Abidjan est donc bien partie pour atteindre son objectif annoncé de 50 tonnes en 2025 ainsi qu’un chiffre d’affaires de 641 milliards FCFA (environ 1,062 milliard $) dans le secteur aurifère en 2020. Petit à petit, l’or devient une source de recettes importante pour l’économie ivoirienne.

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