Avec la centrale Azito 3 : la Côte d'Ivoire augmente sa production d'électricité
Après 27 mois de travaux, le gouvernement ivoirien a célébré le mardi 30 juin, en présence du président Alassane Ouattara, l’inauguration de la mise en service officielle de la phase 3 du cycle combiné de la centrale thermique d’Azito (nord d’Abidjan) devant un parterre d’invites prestigieux dont John Kufuor, l’ex président ghanéen, Lionel Zinsou, le tout nouveau Premier ministre béninois et le Premier ministre malien Modibo Keïta.
Cet investissement de 392 millions de dollars – financé en grande partie par un consortium mené par la Société financière internationale (IFC, Groupe Banque mondiale) – permet à la Côte d’ivoire d’augmenter de 10 % la production nationale d’électricité et de couvrir en partie une demande qui progresse de 10 % par an.
L’extension de la centrale opérée par les anglais de Globeleq (un opérateur électrique contrôlé par les institutions financières de développement britannique CDC et norvégienne Norfund) et le fonds de développement économique de l’Aga Khan monte en puissance, avec la réalisation d’une turbine de 139 mégawatts (MW) construite par le sud-coréen Hyundai, qui permet d’atteindre une capacité de production sur le site de 430 MW et porte la capacité nationale a 1772 MW.
Investissements
Depuis sa création en 1999, Azito aura nécessité un investissement total de 615 millions de dollars. L’État ivoirien dépense environ 44 milliards de F CFA par an pour alimenter en gaz naturel les centrales thermiques du pays qui représente environ 80 % de production nationale d’électricité.
Une tendance que veut inverser le gouvernement ivoirien d’ici 15 ans pour parvenir à un mix énergétique avec 26 % pour le charbon, 16 % pour les énergies renouvelables, 26 % pour l’hydroélectricité et 32 % pour le thermique.
Une ambition qui coûtera 20 milliards de dollars
Énergie : inauguration de la centrale thermique Azito 3, un investissement public/privé
Aux côtés de la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale, de la Banque Ouest-Africain de développement (BOAD) et d’autres bailleurs de fonds internationaux, Proparco a réussi à mobiliser 170 millions de dollars pour ce projet d'extension de la centrale thermique d'Azito, en investissant elle-même 55 millions de dollars et en jouant le rôle de chef de file des institutions de financement bilatérales européennes. D’autres fonds d’investissements européens ont ainsi participé au financement tels que le fonds néerlandais FMO (37 millions de dollars), l’allemand DEG (25 millions de dollars), le belge BIO (23 millions de dollars) et EAIF, un fonds d’investissement dédié au financement d’infrastructures en Afrique, qui a apporté 30 millions de dollars.
Ce projet d’extension « Azito Phase 3 », qui a mobilisé au total près de 400 millions de dollars d’investissements directs étrangers (IDE), visait à installer sur le site existant une turbine à vapeur de 139 mégawatts, portant ainsi la capacité totale de la centrale à 430 mégawatts. L'optimisation des ressources de gaz domestique doit permettre d’augmenter significativement les capacités de production électrique de la Côte d’Ivoire (estimée à 1 600 mégawatts environ) sans utilisation additionnelle de gaz ni d’émission de CO2 (du fait de l’utilisation de la technologie dite « cycle combiné »).
« L’énergie supplémentaire à bas coût ainsi produite, a indiqué Proparco dans un communiqué, contribuera à améliorer l’accès à l’énergie des citoyens ivoiriens, et à produire l’énergie nécessaire pour soutenir la croissance de l’économie ivoirienne et de la sous-région ». Premier producteur d’énergie indépendant par la taille en Côte d’Ivoire, Azito Energie est détenu par Globeleq, producteur d’électricité britannique opérant dans les pays émergents, et IPS (West Africa), filiale ouest-africaine du Fonds Aga Khan pour le développement économique (AKFED).
Un nouveau coup de boost pour la centrale thermique d'Azito
La centrale thermique d'Azito n'en finit pas de s'agrandir. Le gouvernement ivoirien et Azito Energie SA viennent de signer un avenant à la convention de concession qui les lie. Celui-ci prévoit une augmentation de 250 MW de la capacité de production du site, ce qui portera sa puissance globale à 680 MW. Rappelons qu'Azito Energie SA est une filiale de Globeleq, le premier producteur indépendant d'énergie en Afrique. Dans sa future mouture, baptisée phase IV, la centrale d'Azito représentera à elle seule 30% de la puissance électrique de la Côte d'Ivoire. Autant dire qu'elle renforcera la place de Globeleq dans le pays, et même dans la région.
« La phase IV d'Azito offre l'un des tarifs les plus faibles de toutes les centrales thermiques du pays, et permet des synergies multiples grâce à l'infrastructure existante, ainsi que l'expertise de son équipe opérationnelle actuelle. La centrale d'Azito deviendra l'un des parcs de centrales thermiques les plus fiables et efficaces de la région », a ainsi estimé Paul Hanraha, le PDG de Globeleq, lors de la signature du nouvel accord, en février dernier. Cette nouvelle extension s'ajoutera aux travaux actuellement en cours pour la modernisation des turbines à gaz (technologie MXL2, une première sur le continent africain). Ces derniers augmenteront de 30 MW la capacité de production de la centrale, sans pour autant accroître le nombre de turbines mise en service. Le coût de ce seul chantier d'optimisation s'élève à 30 milliards de francs CFA, soit environ 46 millions d'euros.
Un projet crucial
Pour la centrale thermique d'Azito, située à Abidjan, dans la commune de Yopougon, cette phase IV est l'aboutissement d'une mue entamée en 2015. En service depuis 1999, elle a été convertie en 2015 en une centrale à cycle combiné tout ce qu'il y a de plus moderne. Mais sa puissance de 400 MW ne suffit pas à alimenter les besoins en électricité de la capitale économique de la Côte d'Ivoire. D'où les travaux d'optimisation et d'agrandissement successifs (phases III et IV), qui lui permettront donc de porter ses capacités globales à 680 MW. Aux dires d'Abdourahmane Cissé, ministre ivoirien du Pétrole, de l'Énergie et des Énergies renouvelables, cet accord était même « crucial pour répondre aux besoins en énergie induits par la forte croissance économique du pays, et pour respecter les engagements en matière d'exportation d'électricité ».
Pour le ministre, « cette décision s'inscrit dans la politique de maîtrise de l'énergie, en ligne avec le plan actuellement mis en œuvre par le président Alassane Ouattara », et qui vise à répondre à l'augmentation de la consommation d'électricité en Côte d'Ivoire, qui est en moyenne de 10% par an. Selon ce plan, la production d'électricité dans le pays doit doubler afin d'atteindre 4.000 MW en 2020. L'extension de la centrale d'Azito, dont la phase de financement doit se clôturer en juin 2019, se positionne comme un élément-clé de la réussite de ce projet.



