41ème JMT/ Patrick Achi : « Le tourisme est une formidable machine qui crée des emplois durables non délocalisables » (Discours intégral).
La 41ème Journée mondiale du tourisme (Jmt) s’est tenue ce lundi 27 septembre 2021, au Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire. A cette occasion, plus de 154 pays sont présents à Abidjan pour célébrer le tourisme. Dans son allocution, le Premier ministre ivoirien Patrick Jerôme Achi a indiqué que l’industrie du tourisme, des arts et des loisirs occupe une place prépondérante dans le plan de croissance national. C’est l’un des dix (10) secteurs clés, dira le chef du gouvernement, devant contribuer à la transformation structurelle de l’économie du pays au travers de la stratégie sectorielle « Sublime Côte d’Ivoire ». Selon le Premier ministre, cette stratégie ambitionne de positionner la Côte d’Ivoire comme la 5ème destination touristique africaine. Pour ce faire, le pays devrait atteindre les 5 millions de visiteurs à l’horizon 2025, permettant de créer 750.000 emplois. « Le tourisme, c’est cette formidable machine qui crée des emplois durables, non délocalisables – un emploi créé pour 11 visiteurs internationaux en Afrique, 1 pour 13 en Asie-Pacifique (…) Le tourisme est ce levier incroyable que nous avons entre les mains », a fait remarquer le Premier ministre Patrick Achi. C’était en présence du Secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme, M. Zurab Pololikashvili, des ministres du Tourisme des pays membres de l’Omt, des partenaires au développement, de Didier Drogba, Ambassadeur de l’Organisation mondiale du tourisme et des acteurs nationaux et internationaux du secteur touristique…Ci-dessous l’intégralité du discours du Premier ministre Patrick Achi, chef du gouvernement.
« Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en ont lu qu’une seule page. » En cette journée mondiale du tourisme que nous fêtons avec bonheur et honneur depuis Abidjan, j’ai souhaité partager avec vous cette phrase magnifique de Saint-Augustin. Cet évêque africain des temps premiers du christianisme qui, en quelques mots, a su décrire l’essence même du voyage, cet horizon de découvertes et de connaissances. Cette démarche qui, plus qu’un déplacement, est d’abord une nouvelle façon de voir ce qui nous entoure et de regarder ce que nous avons en nous. Oui, voyager, c’est apprendre. Pour mieux raconter. Voyager, c’est comprendre. Pour mieux accepter. Voyager, c’est recevoir. Pour mieux donner. Voyager, c’est ce désir universel, occupant une place centrale dans nos vies, dans nos villes, dans notre économie, dans notre rapport au monde. Voyager, enfin c’est en chacun de nous. Et c’est sans doute pour cela que cette journée du 27 septembre 2021 est aussi historique. Parce qu’elle fait suite à une période où voyager et parfois même sortir de sa cité fut, et pour la première fois depuis des siècles, strictement impossible et sur toute la surface du globe. Cette perturbation fondamentale de notre mobilité, de notre fraternité, de notre liberté, a eu des conséquences lourdes pour nos économies et nos populations et pose pour l’avenir des enjeux cardinaux quant à la transformation des modèles en vigueur. Et parce que cette perturbation est en partie levée, parce que l’Humanité est en train de gagner son combat face à la pandémie, nous pouvons vous dire à nouveau le traditionnel AKWABA ! Bienvenue chez nous, bienvenue chez vous, en Côte d’Ivoire. Oui, bienvenue à toutes et à tous, au nom de SEM. Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire ! Avant de poursuivre, permettez-moi d’adressermes salutations les plus chaleureuses au Secrétaire Général de l’OMT, qui vient pour la troisième fois en terre ivoirienne depuis son élection à la tête de l’Organisation, ce qui témoigne de son attachement sincère pour l’Afrique comme pour la Côte d’Ivoire. Merci cher ami, cher frère, pour ta présence constante et ton engagement à nos côtés.
Je veux aussi prendre le temps de remercier notre Ministre du Tourisme, Monsieur Siandou Fofana, cheville ouvrière de la préparation de cet évènement, saluer son engagement constant au service de la promotion de notre pays et le féliciter pour sa nomination en tant que président du Comité exécutif de la section africaine de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT).
Je veux enfin remercier toutes les personnalités présentes dans cette salle et qui oeuvrent à la promotion du Tourisme en Afrique et pour la Côte d’Ivoire. Mes remerciements appuyés vont à l’endroit de Didier Drogba, cher frère, pour son implication et son action pour son pays et pour la jeunesse ivoirienne. Mesdames et Messieurs, je vous prierai ainsi de faire un banc d’applaudissement à Monsieur le Secrétaire Général de l’OMT ainsi qu’à tous les ministres du tourisme qui nous font l’amitié de leur présence à cette cérémonie. Soyez-en remerciés !
Si le choix de notre pays pour abriter la 41ème édition de la Journée Mondiale du Tourisme, s’est fait lors de l’assemblée générale de l’OMT qui s’est tenue il y a 2 ans à St Pétersbourg en Russie, nous sommes aujourd’hui encore plus honorés de recevoir toute la communauté touristique à son plus haut niveau, pour évoquer ensemble les enjeux mondiaux du tourisme, dans cette période de carrefour stratégique et vital pour cette industrie, entre sortie pandémique, enjeux climatiques et réinvention des modèles touristiques, dans le but de les rendre toujours plus durables et inclusifs.
Ce jour n’est donc pas une journée mondiale du tourisme comme les autres. C’est la première journée mondiale du tourisme d’après. Voilà pourquoi Abidjan et la Côte d’Ivoire sont si fières d’en abriter l’événement fondateur. Mesdames, Messieurs, Le thème de cette année, « le tourisme pour une croissance inclusive », attire notre attention sur deux enjeux fondamentaux. Le premier enjeu est celui du rôle capital que l’industrie touristique, 10% du PIB mondial en 2019, joue dans le développement des nations comme des Hommes. Le tourisme, c’est cette formidable machine qui crée des emplois durables, non délocalisables – un emploi créé pour 11 visiteurs internationaux en Afrique, 1 pour 13 en Asie-Pacifique. Et il faut noter que cette création d’emplois par l’industrie touristique allait croissante dans le monde, puisqu’1 poste sur 4 créé entre 2014 et 2019, l’était dans ce secteur. Le tourisme, c’est aussi cet outil unique qui permet l’inclusion sur le marché du travail des femmes et des jeunes sans qualification, et parfois sans éducation primaire. Le tourisme, c’est cet ascenseur social extraordinaire, probablement le seul secteur qui permette de progresser aussi vite sans diplômes, grâce à la force de l’intuition, de l’attention et de l’organisation. Le tourisme, c’est enfin cette locomotive économique d’un système bien plus large : source d’épargne en devises étrangères, levier d’aménagement du territoire, d’ infrastructures de transports, d’accélérateur de l’agriculture, de l’artisanat et du BTP… Le tourisme, du fait de sa transversalité, est donc ce secteur qui peut créer une inclusion forte et réellement profitable à tous. C’est ce rôle fondamental du tourisme, cette machine positive d’inclusion, que la pandémie a battu en brèche si soudainement, si durement. Comme le soulignait au début de l’été le rapport de la CNUCED, le coût global pour l’économie mondiale de l’effondrement de l’industrie du tourisme, pourrait avoisiner à fin 2021 les 4.000 milliards de $, malgré les progrès indéniables de la vaccination. La chute du nombre de voyageurs internationaux a atteint 75% en 2020, provoquant la suppression de 62 millions d’emplois selon les chiffres du Conseil mondial du voyage et du tourisme. Et il est possible que le nombre total d’emplois détruits à l’issue de la crise approche les 100 millions. La Côte d’Ivoire, comme les autres pays du globe, a vu son économie fortement impactée par la pandémie, puisque nous sommes passés de 2,3 millions de visiteurs à 600 000, en l’espace de quelques mois en 2020. Avec pour conséquence des recettes en chute de 70%. Toutefois, la résilience de l’économie ivoirienne, à l’issue d’une décennie de croissance au sommet du continent et du monde, combinée à l’efficacité du Plan de Riposte Économique et Sanitaire décidé sous le leadership du Président de la République, SEM Alassane Ouattara, a permis de réaliser une croissance positive de 2% en 2020, contre une contraction de 3% au niveau mondial et nous permet de prévoir un rebond à 6,5% en 2021, puis en moyenne de 8% jusqu’en 2025, prouvant ainsi la solidité de nos fondamentaux. Mais, ayons la franchise de le reconnaître, au niveau mondial, la reconstruction de l’industrie touristique sera nécessairement longue. Pour qu’elle ne soit ni trop lente, ni trop inégalitaire, l’enjeu de la vaccination est absolument capital. Et il n’est pas possible de se satisfaire de la dichotomie qui se met en place actuellement entre un monde développé et naturellement protégé, et un monde émergent et injustement exposé. Oui, nous avons besoin de plus de doses, plus vite, pour que la reprise mondiale, comme celle du tourisme, ne se déroulent pas à deux vitesses. Nous continuons donc de compter sur l’engagement croissant du programme Covax à nos côtés, comme sur les dons bilatéraux de nos partenaires. Et je sais, Monsieur le Secrétaire général, pouvoir compter sur votre appui pour permettre à nos nations de rejoindre les niveaux de vaccination des pays les plus avancés et permettre ainsi, au tourisme, de jouer à nouveau son puissant rôle de développement inclusif dans nos pays émergents. Mesdames, Messieurs, Le deuxième enjeu que soulève le thème de notre journée, c’est l’ampleur des révolutions que l’industrie touristique devra mener face aux chocs des crises planétaires, qu’elles soient sanitaires ou climatiques, mais aussi face aux évolutions structurelles et irréversibles des attentes de nos sociétés : celles d’inclusion et de durabilité. Hier, le tourisme a parfois pu aller trop loin, entraînant une dépendance trop grande de certains territoires à une activité dont le rendement décroissait, participant aussi de la saturation d’une planète commune, menacée par le réchauffement climatique. La prise de conscience s’impose. La pandémie l’a accélérée. De nouveaux modèles sont à inventer. De nouvelles destinations sont à valoriser. De nouvelles sécurités, notamment sanitaires, sont à pérenniser. De nouvelles consommations, plus soucieuses de l’impact sur l’économie et l’emploi locaux comme sur l’environnement, sont à adresser. De nouvelles formations de notre jeunesse, dont le multilinguisme, la maitrise des NTIC, la qualité de service, sont à mettre en place. De nouveaux financements enfin, liés à des démarches zéro carbone rigoureuses, sont à inventer. Oui, nous sommes convaincus qu’il est possible de réinventer un tourisme qui respecte mieux les aspirations des individus, les besoins de nos sociétés et les exigences de notre planète. Et nous sommes convaincus que c’est indispensable. C’est d’ailleurs, ce que nous voulons développer en Côte d’Ivoire, avec la vision 2030 du Président de la République, SEM. Alassane Ouattara, qui promeut avec le projet « Côte d’Ivoire Solidaire », une croissance inclusive et durable, mettant les territoires et l’homme au cœur du développement. L’industrie du tourisme, des arts et des loisirs occupe une place prépondérante dans notre plan de croissance nationale et est l’un des 10 secteurs clés devant contribuer à la transformation structurelle de notre économie, notamment au travers de la stratégie sectorielle « Sublime Côte d’Ivoire ». Elle ambitionne de positionner la Côte d’Ivoire comme la 5ème destination touristique africaine et d’atteindre les 5 millions de visiteurs à l’horizon 2025, permettant de créer 750.000 emplois. En faisant de notre pays un hub pour le tourisme d’affaires comme pour le tourisme de loisirs, à quelques heures d’avion de l’Europe, sans guère de décalage horaire et en profitant d’un potentiel touristique unique ! Tout à la fois balnéaire et naturel, avec ses 18 parcs et sa côte maritime de près de 600 kilomètres, dotés d’une diversité faunique et florale extraordinaire. Un potentiel complété de ses arts culinaires, musicaux et artistiques. Ou de la richesse de son histoire séculaire comme de ses joyaux architecturaux, de la Basilique de Yamoussoukro, plus grand édifice de la chrétienté, aux mosquées de style soudanais du nord ivoirien, récemment classées au patrimoine mondial de l’humanité, comme la ville historique de Grand-Bassam, première capitale de la future Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, cette Côte d’Ivoire qui renaît et rayonne à nouveau, grâce au leadership du Président de la République et à l’engagement de millions d’Ivoiriennes et d’Ivoiriens, cette Côte d’Ivoire ouvre ses bras à tous les investisseurs prêts à respecter et valoriser ce potentiel touristique inouï, en créant avec les Ivoiriens et pour les voyageurs du continent comme du monde entier, ce tourisme du jour d’après. Ce nouveau tourisme inclusif et positif qui met la nature, la culture et la jeunesse au cœur des nouveaux modèles de développements touristiques. Ce potentiel, ce chemin pour la Côte d’Ivoire, nous en sommes convaincus, c’est aussi le chemin du continent africain. Il regorge de merveilles naturelles, d’une jeunesse ambitieuse, généreuse dans l’effort et la créativité. Il est cette Terre des arts et des cultures, dont l’authenticité comme l’esprit d’invention irriguent les plus grands créateurs mondiaux. Il est cette terre de musique et d’image qui influence le son et le rythme du monde. Il est ce continent dont la démographie riche et diversifiée fera basculer le barycentre du globe. Il est ce monde qui devient le centre d’intérêt et d’investissement des autres nations. Le futur s’écrit ici. Le futur s’écrit maintenant. Mesdames et Messieurs, « Voyager rend modeste, écrivait Gustave Flaubert dans sa correspondance, car on voit mieux la place minuscule que l’on occupe dans le monde. » Je dirais ainsi, à la suite de Flaubert, qu’aujourd’hui voyager rend d’abord responsable. Parce que, si on constate toujours autant, grâce au voyage, la place minuscule que l’on occupe dans le monde, on saisit bien davantage l’immense fragilité de celui-ci. Et l’extraordinaire ampleur des merveilles, naturelles et humaines de notre Terre. Donc l’importance cruciale, l’impératif catégorique qu’il y a, à les préserver, à les protéger, à les respecter. Le tourisme est ce levier incroyable que nous avons entre les mains. Pour changer le destin de nos pays, permettre l’inclusion de notre jeunesse, de nos femmes, de nos régions… Mais aussi pour changer, collectivement, le destin de notre planète, en mettant en pratique ces nouveaux modèles d’un tourisme plus équitable et durable, plus positif et inclusif. C’est cela le tourisme du monde d’après. C’est cela notre tourisme désormais. Et c’est avec lui, et avec vous toutes et tous, que j’ai l’honneur de déclarer ouverts, au nom du Président de la République, SEM Alassane Ouattara, les travaux de la 41ème édition de la Journée Mondiale du Tourisme. Vive ce tourisme d’Après. Vive le tourisme inclusif et durable ! Vive l’OMT ! Vive la Côte d’Ivoire et Vive l’Afrique ! Je vous remercie.
Journée Mondiale du Tourisme (JMT) : une édition sous le signe de la croissance inclusive.
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